Mise en abyme à l'opéra, épisode XIV : Tannhäuser
Paris, capitale culturelle du XIXe siècle, fut un lieu incontournable pour chaque compositeur d'opéra qui souhaitait se faire couronner de succès. Ce fut le cas de Richard Wagner qui monta son Tannhäuser à l'Opéra de Paris (salle Pelletier) en 1861, recueillant échec et scandale. En effet si Wagner remania son œuvre et l'adapta aux règles du Grand Opéra français en ajoutant notamment un ballet, il commit l'erreur de le placer dès la fin de l'acte I (alors qu'il était attendu au deuxième acte) provoquant ensuite la colère et les huées des membres du Jockey club qui avaient pour habitude de venir pour admirer les danseuses, après leur dîner.
Tannhäuser est aussi le premier opéra dans lequel Wagner met en scène "la guerre" (ou tournoi) des chanteurs (indiqué même dans le sous-titre). Ce concours se déroule dans la grande salle du château de Wartbourg entre Tannhäuser, Wolfram von Eschenbach et Walter von der Vogelweide. Ces chanteurs (personnages historiques) étaient des Minnesänger, les chevaliers-poètes à l'instar des trouvères et troubadours. Le substantif minne, issu du vieux allemand et signifiant "l'amour chevaleresque/noble", est une figure très présente dans les drames musicaux de Wagner (par ex. Minneträum / le rêve d'amour dans La Walkyrie).
Voici la version parisienne du Tannhäuser et le tournoi des chanteurs à Wartbourg, dans la production de Jean-Louis Grinda à Monte-Carlo en février 2017.
Richard Wagner - Tannhäuser
Opéra de Monte-Carlo, 2017
Mise en scène : Jean-Louis Grinda
Direction musicale : Nathalie Stutzmann
Tannhäuser : José Cura
Vénus : Aude Extrémo
Élisabeth : Annemarie Kremer
Wolfram von Eschenbach : Jean-François Lapointe
Walther von der Vogelweide : William Joyner