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« Ma mémoire est comme une boîte où il y aurait un peu de tout. Cela me dégoûte de chercher dedans ».
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« L’avenir, fantôme aux mains vides
Qui promet tout et qui n’a rien ! » -
Pour le voyageur occasionnel, Baden-Baden à la période de Noël évoque parfois une ville hors du temps, dont la vie s’écoule au rythme des battements immuables d’une horloge mystérieusement préservée de l’agitation du monde, création d’un artisan disparu, énigmatique, comme celui qui bâtit un jour l’escalier miraculeux de la chapelle de Lorette à Santa Fé. Conservatoire d’un art de vivre ? Si cette vision relève sûrement davantage du fantasme que de la réalité, il est toutefois agréable de se laisser aller à cette impression et d’imaginer alors, ne serait-ce que l’espace d’un instant, retrouver ce Monde d’hier peint par Stefan Zweig, entre les promenades insouciantes parmi les allées du traditionnel marché de Noël, la dégustation d’un thé et d’un gâteau près d’un feu de cheminée, le spectacle du soir au Festspielhaus.
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"Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance". Il y a fort à parier que plus d'un passionné, au moment de franchir les portes de l'opéra, s'est déjà remémoré les mots choisis par Dante pour dépeindre celles de l'Enfer. Treillis, kalachnikovs, costumes "corporate"... telle est la lite incomplète des artefacts -- n'oublions pas les piscines -- devenus monnaie courante sur les scènes d'opéra, et dont le seul but est de plonger le spectateur dans le grand bain glacé des problématiques politiques et psychanalytiques de notre époque... A moins que ce ne soient celles du XXème siècle, terminé depuis déjà vingt ans ?
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« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Traviata en ce temps-là… » aurait pu chanter Charles Aznavour. Cette dernière retrouve l’écrin du Palais Garnier, trente-trois ans après, et la nouvelle mise en scène de Simon Stone ne vise certainement pas à rappeler aux jeunes générations les fastes imaginés par Franco Zeffirelli en 1986.
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Souvent l’opéra est victime d’idées préconçues : au mieux s’agit-il d’un art suranné hérité d’une époque révolue, au pire d’une vieillerie loufoque aux codes archaïques, chasse gardée d’une élite sécessionniste. Je me rappelle avec amusement qu’un ami, un jour, avait qualifié ma passion pour cette forme d’art de « culture poussiéreuse »… Amusement, car le simple effort consistant à pousser les portes d’une salle d’opéra permet de se rendre compte que les représentations sont bel et bien vivantes ! L’exemple le plus typique ? Les partis pris (modernes, il va de soi) des metteurs en scène qui déclenchent des réactions aussi opposées que véhémentes et définitives.