Qu'est-ce que le vérisme italien ?
Une scène de "Pagliacci" de Leoncavallo
Le vérisme est un courant musical - essentiellement italien -, qui se développa vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Un fait qui peut apparaître comme assez étonnant, c'est que son inspiration littéraire n'était pas issue d'une nouvelle tradition italienne, mais française, autour du naturalisme du grand écrivain Emile Zola. Cette école vériste, longtemps assez méprisée par des mélomanes qui y voyaient trop de "pathos" (et il est vrai que les sanglots étaient exagérés dans le chant, surtout pour les rôles de ténors, jusque vers les années 1960-1970, voire au-delà), est aujourd'hui beaucoup plus appréciée. Chronologiquement, le vérisme italien, mettant en scène avant tout des drames bourgeois ou plus populaires (dans les livrets des opéras), se situa après la grande phase verdienne. En effet, Giuseppe Verdi ne composa aucun opéra de type vériste (puisqu'en partant du bel canto de la première moitié du XIXe siècle - Bellini, Donizetti, et Rossini - le grand "Maestro" italien sut évoluer vers son style propre, après ce qu'il avait appelé ses "années de galère")...
Mais, le vérisme italien, de quoi s’agissait-il exactement sur le plan musical et au niveau du contenu des livrets ? Tout simplement de décrire la réalité crue de la vie, dans ce qu'elle peut avoir parfois de violent, et même de sordide (par exemple dans la veine de "L’Assommoir" d'Emile Zola). Les principaux compositeurs véristes italiens furent : Pietro Mascagni (1863-1945), Ruggero Leoncavallo (1857-1919), Umberto Giordano (1867-1948), Alfredo Catalani (1854-1893), Amilcare Ponchielli (1834-1886), en partie Francesco Cilea (1866-1950), plus Giacomo Puccini (1858-1924) - mais uniquement pour certaines de ses œuvres (j'y reviendrai dans un prochain billet) -, plus quelques autres... Le nombre des opéras à succès composés par les musiciens de l'école vériste italienne fut absolument considérable. Je vais donc me contenter ici - dans le cadre de ce modeste article - de citer ceux où vont mes préférences... Pour Pietro Mascagni : "Cavalleria rusticana", "Iris", et "Isabeau"... Pour Ruggero Leoncavallo : "Pagliacci", et "La Bohème" (en concurrente, lors de leurs créations, avec celle de Puccini)... Pour Umberto Giordano : "Andrea Chenier", "Fedora", et "Siberia"... Pour Alfredo Catalani : "La Wally", et "Loreley"... Pour Amilcare Ponchielli : "La Gioconda", et "Marion Delorme"... En ce qui concerne Giacomo Puccini, dont l'oeuvre globale ne fut pas seulement vériste, je me permets donc de laisser pour l'instant un certain suspense, même si je sais que les lecteurs de ce billet sont des amateurs-spécialistes ou des professionnels...
Je vous propose d'écouter maintenant trois extraits d'opéras issus de l'école vériste italienne, sans oublier de signaler qu'il y eut aussi quelques compositeurs véristes français - dont le plus connu fut Gustave Charpentier (1860-1956), avec ses opéras "Louise", et "Julien"... Extrait 1 : ... "Intermezzo" du "Cavalleria rusticana" de Pietro Mascagni, sous la direction du grand Riccardo Muti...https://www.youtube.com/watch?v=gUSOitDr4ug ... Extrait 2 : ... "Prologue" du "Pagliacci" de Ruggero Leoncavallo, avec l'immense baryton italien qu'était Piero Cappuccilli, un "Prologue" (ici avec un bis, fait assez rare) qui fut considéré comme une sorte de "manifeste" du vérisme musical italien...https://www.youtube.com/watch?v=l2eE1VjdGbY ... Extrait 3 : ... "Amor ti vieta" du "Fedora" d'Umberto Giordano, un superbe air pour ténor, qui provoqua dès la création de la partition un enthousiasme considérable de la part du public envers Enrico Caruso, et qui continue encore de nos jours, avec ici Placido Domingo en compagnie de la soprano Mirella Freni...https://www.youtube.com/watch?v=pCLWyv-mn8I