Philippe Jaroussky à Montpellier
Philippe Jaroussky le grand contreténor actuel
Le 26 mars 2019, le grand contre-ténor Philippe Jaroussky, accompagné par son ensemble Artaserse (12 musiciens, évidemment sur instruments anciens), nous amena à faire un voyage magique au sein de l'univers de l'opéra vénitien de l'époque que l'on appelle le "baroque précoce" - soit celui des premières décennies du XVIIe siècle. Avant de dire quelques mots à propos de la critique de cette représentation lyrique, je voudrais rappeler le fait que, même si quelques opéras avaient été composés et créés dès les premières années du XVIIe siècle, ce fut avec "L'Orfeo" (en 1607) de Claudio Monteverdi (1567-1643) que l'Italie (en premier, bien sûr) eut l'extraordinaire bonheur de la découverte du genre de l'opéra. Après ceux composés par Monteverdi, le relais avait été pris essentiellement par les créations vénitiennes, autour de Francesco Cavalli (1602-1676). C'est justement à travers ce grand compositeur que Philippe Jaroussky avait proposé, en liaison avec l'ensemble baroqueux Artaserse, de nous faire voyager dans l'univers lyrique vénitien. La soirée, pour une durée d'environ 1 H. 45 min (avec un entracte), alterna quelques pièces uniquement instrumentales et surtout des airs (ou "arias") chantés par celui qui est l'un des plus importants - et même peut-être le plus grand - parmi les contre-ténors mondiaux actuels. Je ne vais pas citer en pleine page les noms des partitions lyriques dont nous avons pu écouter et apprécier de très nombreux extraits. Il suffirait en effet pour ce faire de consulter le programme (revu par rapport à ce qui avait été prévu à l'origine). Mais, en voici le lien : ... https://www.opera-orchestre-montpellier.fr/evenement/philippe-jaroussky ...
Par contre, ce qui est le plus intéressant consiste bien sûr à dire quelques mots à propos de la critique de ce spectacle de musique du "baroque précoce". On sait que Philippe Jaroussky, à l'état naturel, dispose d'une voix de baryton, et que c'est donc grâce à une technique exceptionnelle (comme pour la plupart des autres contre-ténors) qu'il en arrive à distiller des notes d'alto féminin, utilisant avant tout le registre de tête (mais pas la voix de "fausset") et un niveau intermédiaire - en "notes de passage" - avec le registre de poitrine... L'autre caractéristique de son chant, notamment lors de la soirée en question, fut l'utilisation des "fioritures", ou du "chant fleuri", qui consistait, à l'époque des castrats (aux XVIIe-XVIIIe siècles - je pense à Vivaldi, Haendel, ou Porpora, etc.), à intégrer de l'improvisation dans le cadre de partitions respectées car notées, mais d'une manière moins stricte qu'à l'époque romantique et postromantique...
Philippe Jaroussky et l'ensemble Artaserse
Avec la complicité de son ensemble Artaserse, Philippe Jaroussky nous enchanta (c'est le cas de la dire !), avec en plus, pour les annonces de fin de concert, un humour de bon aloi... Une soirée inoubliable, oui, vraiment... Un tel succès était prévisible, et, alors que le concert devait avoir lieu à l'origine à l'Opéra-Comédie (le plus souvent réservé à la musique baroque ou de l'époque classique), et étant donné tout ce qui avait eu lieu comme ventes de billets depuis plusieurs mois, l'administration des opéras de Montpellier avait été amenée à décider de déplacer le spectacle à l'Opéra Berlioz/Le Corum (consacré avant tout à la musique romantique et postromantique des XIXe-XXe siècles), soit une salle de spectacle qui permet de placer près de trois fois plus de spectateurs-auditeurs que celle de l'Opéra-Comédie - et disposant d'une acoustique qui est considérée comme une des meilleures de France...