LE TRIO "MARIE NODIER" EN CONCERT AUX NUITS DE L'AUDE
Le trio "Marie Nodier", composé d’une soprano, une pianiste et une clarinettiste, a proposé un concert romantique jeudi dernier dans le cadre des « Nocturnes de Laude », accueilli avec enthousiasme par les spectateurs.
Claire Voisin (clarinettiste), Marina Pizzi (pianiste) et Cécile Achille (soprano) forment un ensemble nommé le « Trio Marie Nodier » en hommage à la fille de l’écrivain Charles Nodier (1780-1844), figure majeure du Romantisme français, bibliothécaire de l’Arsenal où il tenait salon : le fameux « Cénacle » (qui comptait parmi ses membres rien moins que Gautier, Vigny, Musset, Mérimée, Dumas, Balzac ou Nerval !) s’y réunissait régulièrement, en présence de Marie, femme de lettres, mélomane et musicienne. (Pour une présentation plus complète de cet ensemble et de Marie Nodier, voir https://www.olyrix.com/profile...
Ce trio interprète un répertoire essentiellement romantique, sans s’interdire des excursions dans des territoires plus contemporains. Le programme présenté jeudi dernier séduit par sa diversité et son originalité : à côté de pièces vocales bien connues (Mozart, « Schon lacht der holde Frühling », la « Lorelei » de Liszt, le « Pâtre sur le rocher » de Schubert, incontournable pour cette formation !) apparaissent d’autres morceaux chantés plus rares (le « Hirtenlied » de Meyerbeer, les « Three songs of innocence » de Cooke, la « Lorelei » de Clara Wieck-Schumann, deux pièces de Kalliwoda), ou quelques pages purement instrumentales (extraites de la Sonate pour clarinette et piano op. 167 de Saint-Saëns).
Les trois musiciennes rivalisent de charme et d’élégance dans leurs interprétations, témoignant de leur capacité à s’adapter à des langages artistiques participant de sphères géographiques et temporelles (de la fin du XVIIIe siècle au début du XXIe siècle) différentes. La virtuosité que déploient les instrumentistes n’est jamais gratuite mais reste toujours au service de l’expression, et le piano comme la clarinette savent se faire aussi bien dramatiques et tumultueux (le piano entre les strophes 4 et 5 de « La Lorelei » lisztienne) que doux et tendres, notamment dans la première section du « Pâtre sur le rocher » ou le bercement de la conclusion de « La Lorelei »). La complicité des trois artistes est totale, et permet un dialogue permanent entre les deux instruments et la voix, longue, fruitée (belle montée dans l’aigu dans « La Lorelei » de Liszt : « Er schaut nur in die Höh » / « Il regarde toujours en haut »), excellement projetée et d’une qualité égale sur toute la tessiture de Cécile Achille.
Un ensemble original dans sa composition comme dans le choix des œuvres interprétées, et dont les qualités interprétatives sont évidentes. Le public ne s’y est pas trompé, qui a réservé aux musiciennes un accueil des plus chaleureux !
Louis Spohr : « Wach auf » par le trio Marie Nodier
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