ENTRETIEN AVEC MARION GUERRERO, METTEUSE EN SCENE DES FOLIES D’OFFENBACH
Marion Guerrero, metteuse en scène et Jérôme Pillement, chef d'orchestre
L’idée est venue du chef d’orchestre Jérôme Pillement, qui souhaitait proposer un spectacle à l’occasion du bicentenaire de la naissance d’Offenbach. J’ai accepté d’autant plus volontiers que je connais en fait Offenbach depuis mon adolescence : ma mère m’a emmenée, alors que j’étais âgée de 15 ans, voir Orphée aux Enfers, et je me souviens avoir ri comme jamais ! C’était d’autant plus surprenant pour moi que je n’imaginais pas du tout qu’on puisse rire à ce point à l’Opéra !
Avant Les Folies d’Offenbach, aviez-vous déjà eu une expérience du théâtre chanté, qu’il s’agisse d’opéras ou d’autres formes de spectacles ?
Oui, notamment dans le cadre de la formation dispensée aux étudiants de l’ENSAD (École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier). Les étudiants sont amenés à travailler des chansons, et j’aime bien chercher avec eux un moyen de les insérer dans quelque chose qui les encadre, une structure plus ou moins narrative dans laquelle elles puissent prendre place. Cela peut se faire d’ailleurs par le biais de l’improvisation. En d’autres termes, Les Folies d’Offenbach sont un peu sinon l’aboutissement, du moins le prolongement direct de ce travail-là ! Et puis j’ai monté également, toujours avec les élèves de l’ENSAD, L’Opéra de quat’sous.
Est-ce à dire que les différentes formes de théâtre chanté vous intéressent et qu’il n’est pas exclu qu’on vous retrouve un jour dans le monde de l’opéra, de l’opérette ou de l’opéra-bouffe ?
Cela n’est nullement exclu ! Je vois dans ces formes de théâtre chanté une sorte de « spectacle total » et c’est extrêmement stimulant.
Concernant ce spectacle du festival des Folies d’O, comment s’est fait le choix des pièces musicales ?
J’ai fait confiance au spécialiste qu’est Jérôme Pillement qui m’a proposé plusieurs morceaux, puis nous avons discuté ensemble pour arrêter notre choix, mais sans avoir encore aucune idée de ce que serait le spectacle. Tout s’est donc décidé dans un premier temps à partir de mon simple ressenti par rapport à telle ou telle page musicale. Mais dans un premier temps seulement : après, il a fallu faire avec plusieurs contraintes : le fait que tous les chanteurs aient, de façon à peu près équitable, quelque chose à défendre ; le tempo du spectacle également : on ne pouvait se contenter de faire se succéder les airs de façon monotone. Il fallait des ambiances différentes, des duos, des ensembles, des chœurs pour éviter toute monotonie.
Vous avez travaillé, pour ce spectacle, avec de très bons comédiens, et je ne parle pas seulement des excellents Elodie Buisson et Julien Bodet !
Oui, tous les chanteurs sont également de vrais acteurs, Jérôme [Pillement], qui les connaît bien, les a aussi choisis pour cela. Et d’ailleurs j’agis avec Mélanie Boisvert, Antoinette Dennefeld, Loïc Félix et Armando Noguera exactement comme je le ferais avec des comédiens ! Il y a sur scène un vrai esprit d’équipe, et c’est d’autant plus formidable que nous avons dû monter le projet assez rapidement. Mais « la sauce a pris » très vite, il y a eu une conjonction de facteurs favorables : le talent, la bonne humeur, le fait que chacun ait adhéré très vite au projet…
Parlez-nous de la scénographie et du choix du décor…
Je souhaitais dès le début intégrer l’orchestre au spectacle, mais je ne savais pas de quelle façon. Nous avons dans un premier temps songé à le mettre sur scène. Ce qui importait avant tout, c’était le choix d’un lieu où les gens puissent se rencontrer, se croiser, échanger… En regardant la fosse d’orchestre, cela m’a fait très vite penser… à une piscine ! J’en ai parlé à Daniel Fayet (le scénographe) et nous avons vite vu tout le parti que nous pouvions tirer de cette idée. De ce choix a découlé bien sûr la contextualisation de certains airs ou certaines pages : la séance de secourisme, la natation synchronisée, …
Le spectacle a rencontré un très beau succès le soir de la première ! Après Béziers, envisagez-vous de faire une tournée ?
Le spectacle n’avait pas initialement été conçu pour cela, et c’est toujours assez compliqué de monter une tournée : il faut que les gens puissent tous s’engager sur un assez long terme, ce qui n’est pas forcément simple pour les artistes qui ont souvent des agendas chargés et bloqués longtemps à l’avance. Mais une tournée… oui, ce serait formidable !