Il n'a pas déçu les attentes, le ténor franco-sicilien Roberto Alagna est revenu après dix ans en Italie pour interpréter Turiddu dans Cavalleria Rusticana de Mascagni en version de concert au Teatro Massimo de Palerme et, grâce aussi à ses origines siciliennes, il n'aurait pas pu faire mieux. Dans le cadre magnifique, en plan air, du théâtre de Verdura, c'était immédiatement clair que le ténor aurait donné une excellente performance, lyrique, mesurée, vraie, sans jamais glisser dans une emphase excessive. Bonne impression déjà depuis la célèbre "Siciliana" qui ouvre l'opéra, chanté en dialecte, avec un accent et une diction siciliens parfaits.

Au contraire, l’épouse d'Alagna, la soprano polonaise Alexandra Kurzak, à ses débuts dans le rôle de Santuzza, vêtue de jaune, couleur de la jalousie, a poussé un peu trop sa belle voix dans certains passages, avec une forte accentuation de l'hystérie du personnage causée par son amour trahi pour Turiddu. Mais le public l'a beaucoup applaudie et en fait, l'un des moments les plus intenses de l'opéra, précisément en raison de son interprétation passionnée, a été son "Inneggiamo" chanté avec le chœur du Teatro Massimo en excellente forme, compact et efficace, dirigé par le maestro Ciro Visco. Très agréable a été aussi la prestation de l'orchestre du Teatro Massimo, dirigé avec élégance par le maestro Carlo Goldstein. 

Bien aussi la Lola de la jeune mezzo-soprano géorgienne Sofia Koberidze, en robe rouge; moins adaptée au rôle est apparue le contralto Romina Boscolo au timbre intéressant mais un peu trop sombre pour Mamma Lucia; et le bon baryton Ernesto Petti dans le rôle d'Alfio n’a pas été très expressif sur scène. 

À cause du Covid, il n'y a pas été prévu, comme d'habitude, un deuxième opéra pour compléter la soirée, et aussi dommage pour les sons, provenant d'un lieu voisin, qui a dérangé un peu le spectacle, mais finalement revenir à entendre Roberto Alagna en Italie et en grande forme a été un vrai plaisir. 

Photo credit: Rosellina Garbo @teatro Massimo Palermo