En Bref
A savoir sur cette production
Les sources sont variées, et plus ou moins fiables, mais l'histoire est authentique : elle s'appelait Tsuru Yamamuri, cette jeune geisha qui donna naissance à l'enfant d'un officier de marine américain, et que les habitants de Nagasaki surnommaient O-cio-san – c'est-à-dire Madame Papillon. De ce qui n'était guère plus qu'une anecdote, dont il étoffa la substance littéraire en puisant à la source de Madame Chrysanthème de Pierre Loti, John Luther Long fit une nouvelle, que David Belasco transforma en tragédie. Lors d'un voyage à Londres, Puccini assista à une représentation de Madame Butterfly et se précipita sur l'auteur pour en obtenir les droits d'adaptation. Que refuser à « un Italien impulsif qui a les larmes aux yeux et les bras autour de votre cou » ? Après s'être imprégné des sonorités d'une langue alors inouïe en écoutant l'actrice Sada Yacco, puis l'épouse de l'ambassadeur du Japon, qui lui chanta des mélodies de son pays, le compositeur éplucha les ouvrages ayant trait aux coutumes de l'Empire du Soleil levant avec une méticulosité d'ethnographe. Sur ce fond de réalité fantasmée, moins vériste en somme qu'impressionniste, se détache la figure délicate de l'héroïne abandonnée, la plus émouvante que Puccini ait jamais créée. Et celle qu'il préférait. Pilier du répertoire de l'Opéra de Paris, la production épurée de Robert Wilson ouvre la saison, tel un rêve bleuté.