Argument
Acte I
Le fagoteur Sganarelle et sa femme Martine se disputent. Le premier vante son esprit, lui qui a servi un fameux médecin six ans durant, tandis que la seconde peste contre son goût pour la boisson. Elle reçoit finalement des coups de bâton de son mari (« Non je te dis que je n’en veux rien faire»). Le couple est interrompu par leur voisin, Monsieur Robert, qui tente de défendre la femme battue. Mais cette dernière, bientôt suivie par son mari, demande à l’intrus de ne point ingérer dans leurs affaires. Malgré tout, Martine se promet bien de faire payer à son mari les coups de bâton reçus (« Toute femme tient sous sa patte »).
Deux hommes, Valère et Lucas, s’approchent, à la recherche d’un médecin capable de soigner la fille de leur maître Géronte : depuis que ce dernier a refusé d’accepter le jeune Léandre comme gendre, sa fille Lucinde a perdu la parole, sans qu’aucun médecin ne parvienne à la guérir. Inspirée par cette histoire, Martine leur conte que Sganarelle est un prodigieux docteur capable d’un tel miracle, mais que, refusant d’user de son don, il dit bien souvent ignorer la médecine. Il faut alors le rosser pour qu’il avoue son savoir. Les deux hommes repartent satisfaits.
De son côté, Sganarelle se désespère de voir ses bouteilles de vin vides (« Qu’ils sont doux, bouteille jolie »). Valère et Lucas le repèrent et l’accostent : après quelques coups de bâton, Sganarelle s’avoue, comme prévu, médecin, et même apothicaire («Monsieur ! N’est-ce pas vous»). Ils partent donc tous les trois, laissant les fagoteurs et les bergères chanter en poursuivant leur ouvrage («Nous faisons tous ce que nous savons faire»).
Acte II
Devant la demeure d’Oronte, le jeune Léandre vante les vertus de l’amour (« Est-on sage dans le bel âge ?»), ce qui fait enrager le maître de maison. Valère et Lucas accourent et lui présentent Sganarelle comme le plus grand médecin au monde. Jacqueline, la nourrice de Lucinde et la femme de Lucas, affiche son scepticisme, reprochant à Géronte de ne pas soigner sa fille par un mariage d’amour avec Léandre. Mais ce dernier pointe le peu de biens détenus par Léandre, malgré sa position d’héritier d’un oncle richissime («D’un bout du monde à l’autre bout»).
Sganarelle entre alors. Il s’attire rapidement l’inimitié de Lucas lorsqu’il se propose de goûter à sa source le lait produit par la nourrice, Jacqueline. Lucinde paraît alors et Sganarelle débute sa consultation : la langue de la jeune femme semble engourdie ce qui l’empêche de s’exprimer. Cet étrange mal a retardé son mariage, l’homme choisi par son père ayant préféré attendre qu’elle soit guérie. Sganarelle, usant de termes latins, fait grande impression tant il semble comprendre une maladie si compliquée (« Eh bien ! Charmante demoiselle, sans hésiter»). Pour remède, il requiert de ne plus la nourrir qu’avec du pain et du vin, ce traitement ayant pour caractéristique de délier les langues.
Alors qu’il quitte les lieux, Sganarelle est approché par Léandre qui trouve rapidement son oreille avec quelques pièces d’or. Il lui apprend que Lucinde feint sa maladie pour empêcher son mariage forcé. Sganarelle lui promet son aide. Un chœur de médecins vante son savoir tandis que Léandre est résolu à rendre sa liberté à son amante (« Sans nous tous les hommes deviendraient malsains »).
Acte III
Le bruit de son talent ayant couru à travers la ville, Sganarelle est à présent un médecin très sollicité : n’y voyant que des avantages, les malades perdant la vie ayant le tact de ne point s’en plaindre, il projette de se consacrer pleinement à cette nouvelle activité (« Vive la médecine !»). Léandre vient le trouver, déguisé en apothicaire. Sganarelle lui révèle sa véritable condition. Des paysans l’accostent alors, lui demandant un remède pour une parente. En échange de deux pistoles, il leur donne un morceau de fromage qu’il dit avoir des vertus époustouflantes. Les paysans s’en vont ravis (« Sarviteur, monsieur le docteur »).
Jacqueline, la nourrice, s’approche peu après : Sganarelle lui offre de la venger de la jalousie de son mari en faisant pousser des cornes à ce dernier («Ah, que j’en sais, belle nourrice»). Jacqueline n’est pas insensible à la proposition, mais leur discussion est interrompue par Lucas lui-même. Sganarelle revient peu après avec Léandre qu’il présente à Géronte. Pendant que le faux médecin explique ses théories au maître de maison, le faux apothicaire en profite pour rendre visite à Lucinde. Mais le père, entendant la voix de sa fille, conclus à la guérison de cette dernière. Celle-ci, voyant sa supercherie démasquée, cherche à faire entendre raison à son père (« Rien n’est capable, mon père »).
Sganarelle conseille alors à Léandre de fuir avec Lucinde pendant qu’il entretiendra le père. Mais la fuite est découverte par Lucas, bien heureux de se venger du comportement de Sganarelle vis-à-vis de sa femme Jacqueline. Géronte menace de faire pendre le faux médecin. Martine paraît à cet instant : malgré la situation, les deux époux ne peuvent réprimer une nouvelle dispute. L’argument est cependant interrompu par Léandre, qui reparaît accompagné de Lucinde : ayant appris la mort de son oncle, il vient, en héritier fortuné, demander officiellement sa main à Géronte. Ce dernier accepte avant que Sganarelle, apprenant la ruse de sa femme, ne la pardonne (« En habile homme, vous voyez comme »).