Argument
Acte I
Sur le pont d’un navire, la Reine d’Irlande, Isolde, se repose au côté de sa suivante, Brängane. Le chant d’un jeune marin leur parvient (« Westwärts schweift der Blick »). Isolde, s’éveillant en sursaut, se trouve prise d’un sentiment de révolte, espérant que le navire s’abîme en mer avec tous ses occupants. Brangäne questionne sa maîtresse afin de comprendre son désespoir (« Wer wagt mich zu höhnen »). Isolde fulmine car Tristan, qui la conduit en Cornouailles afin qu’elle épouse le Roi Marke, refuse de lui parler et de la regarder (« Frisch weht der Wind »). Brängane part aussitôt trouver Tristan pour lui transmettre la volonté de sa maîtresse. Mais ce dernier refuse de se confronter à Isolde. Son lieutenant, Kurwenal, rappelle à Brangäne la grandeur de son maître, lui qui a défait Morold, l’ancien mari d’Isolde (« Hab’ Acht, Tristan ! Botschaft von Isolde ! »).
Brangäne retourne auprès de sa maîtresse, horrifiée par les propos de Kurwenal. Cette dernière lui raconte alors comment elle a soigné Tristan autrefois. Ce dernier, caché derrière le nom de Tantris, avait été blessé dans le combat qui coûta la vie à Morold. Au lieu de l’achever comme son honneur le lui dictait, Isolde se prit de pitié et lui appliqua sa science médicale. A présent, elle doit subir la honte de voir Tristan revenir sous son vrai nom, afin de la ramener, soumise, à Marke (« Weh, ach wehe ! »). Brangäne cherche alors à réconforter sa maîtresse et lui rappelle que sa mère leur a confié un coffret renfermant de puissants philtres, parmi lesquels un philtre d’amour et un philtre de mort (« O Süsse ! Traute ! »).
Alors que le trajet touche à sa fin, Kurwenal demande à Isolde de se préparer à débarquer, mais celle-ci s’y refuse, demandant que Tristan vienne d’abord demander pardon pour une faute inexpiée. Tandis que le lieutenant va transmettre le message à son maître, Isolde demande à Brangäne de verser le philtre de mort dans une coupe dorée (« Auf ! Auf ! Ihr Frauen »). Tristan paraît alors. Isolde, ne pouvant venger Morold sans rompre l’accord de paix que son mariage avec Marke vient sceller, propose au héros de boire à leur réconciliation (« Begehrt, Herrin »). Bien que sachant le philtre susceptible d’être mortel, Tristan accepte de le boire. Isolde s’en réserve également la moitié. Pourtant, au lieu de la mort attendue, c’est l’amour qui s’empare d’eux. Déjà, Brangäne, qui a finalement versé le philtre d’amour dans la coupe dorée, regrette d’avoir soumis sa maîtresse à une détresse éternelle plutôt qu’à une mort immédiate (« Tristan ! Isolde ! »).
Acte II
Devant la demeure d’Isolde, Brangäne écoute un équipage de chasse s’éloigner. Isolde, fébrile, attend impatiemment que Tristan la rejoigne secrètement, malgré les avertissements de Brangäne. Cette dernière craint que Melot, un compagnon de Tristan, ne cherche à démasquer leur liaison. Las, Isolde éteint la dernière lampe éclairant le jardin, donnant ainsi à Tristan le signal convenu (« Hörst du sie noch ? »).
Tristan paraît, mettant ainsi fin à l’ardente impatience d’Isolde. Dans les bras l’un de l’autre, les deux amants goûtent un délice incomparable, fustigeant la lumière du jour qui rend leurs étreintes impossibles mais célébrant leur amour, vainqueur de leurs trahisons passées (« Isolde ! Geliebte ! Tristan ! Geliebter ! »). La voix inquiète de Brangäne vient pourtant perturber leur ravissement, leur prédisant un malheur (« Einsam wachend in der Nacht »). Pourtant, malgré l’aurore, les amants restent blottis l’un contre l’autre, défiant la mort (« Lausch, Geliebter ! Lass mich sterben ! »).
Un cri de Brangäne annonce alors le moment fatal. Malgré les efforts de Kurwenal, le Roi Marke, accompagné de Melot et de sa cour, fait son apparition. Melot vante sa fidélité au Roi en vertu de laquelle il a dénoncé Tristan. Mais Marke le repousse et confronte Tristan, cherchant à comprendre comment son plus fidèle chevalier, à qui il destinait le trône, adopté comme son propre fils, a ainsi pu le trahir et lui amener la honte avec la femme que Tristan lui avait lui-même choisie et conquise pour lui (« Tatest du’s wirklich ? »). Sans lui répondre, Tristan offre à Isolde de le suivre en son domaine, le royaume de la nuit. Melot, voulant venger le Roi, et jaloux de l’amour d’Isolde, se rue sur Tristan, l’épée en main, et le blesse (« O König, das kann ich dir nicht sagen »).
Acte III
Dans son château de Kareol qui donne sur la mer, Tristan est alité. Kurwenal, assis à côté de sa couche, veille sur lui, ordonnant à un berger de jouer une joyeuse mélodie si le navire amenant Isolde devait pointer à l’horizon (« Kurwenal ! He ! Sag, Kurwenal »). Tristan, alors, s’éveille. Kurwenal lui raconte comment il l’a porté sur ses épaules jusqu’à l’esquif grâce auquel ils ont rejoint Kareol. Mais le fidèle valet voit l’effroi le saisir lorsqu’il constate que l’amour d’Isolde brûle toujours le cœur de son maître : il lui promet pourtant l’arrivée prochaine de son amante, elle seule étant capable de guérir sa blessure (« Die alte Weise - was weckt sie mich ? »). Tristan salut la fidélité de son lieutenant, mais pointe son impuissance à guérir le mal qui le ronge : le désir brûlant qu’il ressent pour Isolde depuis qu’il a bu le breuvage d’amour (« Isolde kommt, Isolde naht ! »). Soudain, la joyeuse mélodie du berger raisonne : Kurwenal bondit de joie. Les deux hommes suivent la progression du navire, redoutant quelque malheur (« O Wonne ! Freude ! Ha ! Das Schift ! »).
Resté seul, Tristan exulte. Arrachant ses bandages, il s’élance vers le rivage. Lorsqu’Isolde paraît enfin, il se jette dans ses bras, à bout de force et meurt (« O diese Sonne ! Ha, dieser Tag ! »). Isolde pleure son espoir perdu de passer une dernière heure avec son amant avant de mourir dans ses bras (« Ha ! Ich bin’s, ich bin’s, süssester Freund »).
Le berger annonce alors l’arrivée d’un second navire. Kurwenal reconnait à son bord le Roi Marke, ainsi que Melot. Furieux, il bat le rappel, barricadant les issues du château. Mais de l’extérieur, Brangäne lui demande de laisser les portes ouvertes. Melot apparaît derrière elle : Kurwenal l’attaque et le frappe mortellement, vengeant ainsi son maître. Puis, cherchant à défendre l’entrée malgré la complainte de Brangäne, il est lui-même blessé et meurt. Paraissant, Marke constate la mort de Tristan, qu’il pleure amèrement : Brangäne lui ayant appris les effets du philtre d’amour, Marke entendait pardonner à son ami, le plus fidèle des infidèles, et lui donner la main d’Isolde (« Kurwenal ! Hör ! Ein zweites Schiff »). Mais Isolde ne les entend plus, les yeux rivés sur le corps de son amant. Transfigurée, elle s’effondre à son tour auprès de Tristan (« Mild und leise wie er lächelt »).