Argument
Acte I
Au XVIème siècle, l'office se termine dans l'église Sainte-Catherine de Nuremberg. Alors que les fidèles chantent un choral, Eva, la fille d'un riche bourgeois échange des regards amoureux avec Walther, un jeune chevalier rencontré la veille chez le père de celle-ci, Veit Pogner, un riche bourgeois. Au moment de quitter l'église, Walther demande à Eva si elle est déjà promise à un homme. Celle-ci lui répond qu'elle doit épouser un Maître-Chanteur à l'issue du concours de chant qui se tient le lendemain. Magdalene, la nourrice d'Eva, aussitôt informée des sentiments des jeunes gens, recommande Walther à un apprenti, David, qui est amoureux d'elle. Les deux femmes quittent alors l'église.
Resté seul avec Wather, David lui apprend le fonctionnement du concours. On est d'abord « Ecolier » lorsqu'on commence à apprendre le chant. Une fois connues les innombrables règles du chant, on peut alors devenir « Chanteur ». Il faut ensuite apprendre à écrire des vers par soi-même pour devenir « Poète ». Enfin, il faut apprendre l'art de la composition pour devenir « Maître ». Cela prend des mois de travail intense. Durant le concours, l'un des maîtres est désigné Marqueur : il indique d'un trait de craie chaque erreur commise par le candidat. Celui-ci est définitivement éliminé après sept traits. Walther affirme qu'il deviendra Maître directement et du premier coup.
Les Maîtres-Chanteurs arrivent pour offrir aux candidats du concours une première audition, afin de les préparer au concours. Pogner, le père d'Eva, entre ainsi en compagnie de Beckmesser, greffier de la ville, puis viennent Hans Sachs, Vogelgesang, Kothner, Ortel, Zorn, Moser, Nachtigall, Eisslinger, Foltz, Schwartz, les autres Maîtres de la congrégation. Pogner confie à Beckmesser avoir fixé les règles des fiançailles d'Eva pour lui permettre d'obtenir sa main. Mais Beckmesser s'inquiète du fait qu'Eva puisse choisir un autre Maître que le vainqueur du concours. Pogner lui répond qu'il ne tient qu'à lui de se faire aimer d'elle, afin d'être choisi. Il accepte cependant de vanter ses mérites auprès de sa fille. Beckmesser sait cependant qu'il a peu de chance d'être choisi, ce qui l'inquiète. Walther vient à la rencontre de Pogner et lui annonce vouloir devenir Maître. Beckmesser se méfie de lui. Kothner procède à l'appel, puis Beckmesser est désigné comme Marqueur. Après que Pogner ait expliqué les règles des fiançailles d'Eva (« Nicht Doch, Ihr Meister »), un débat s'instaure sur leur application. En particulier, Hans Sachs voudrait impliquer le peuple dans le choix du vainqueur, ce que les autres Maîtres refusent, ne souhaitant pas que l'art commence à courir après la faveur des foules.
Sous la recommandation de Pogner, Walther est auditionné par les Maîtres. Beckmesser, décidé à le faire échouer, s'installe dans la loge du Marqueur, où il se trouve caché aux yeux de l'assistance. Walther entame son chant, régulièrement ponctué de bruyants coups de craie émis par Beckmesser, dans sa loge, qui finit l'interrompre. Alors que tous les Maîtres semblent rejeter le candidat, Hans Sachs prend sa défense : pour insolite qu'il soit, ce chant n'est pas sans intérêt. Walther est tout de même éliminé sous les moqueries des autres apprentis, au grand dam de Pogner qui aurait apprécié de l'avoir pour gendre.
Acte II
Dans une rue de Nuremberg, la demeure de Pogner fait face à celle de Hans Sachs. David apprend à Magdalene l'échec de Walther, ce qui la mécontente. Alors que les autres apprentis se moquent de lui, paraît Hans Sachs. Tout le monde rentre dans les maisons. Pogner et Eva rentrent alors de promenade. Avant de rentrer, le père se réjouit d'avance à l'idée de voir sa fille se fiancer le lendemain, et s'étonne qu'elle-même ne soit pas plus enthousiaste. Magdalene répète alors à Eva l'échec de Walther et lui conseille d'aller chercher de l'aide auprès de Sachs, mais plus tard pour ne pas éveiller de soupçon. Chez lui, Sachs repense au chant de Walther, cherchant à comprendre ce qui l'a tant ému. Eva s'approche alors discrètement et cherche à le faire parler sur la prestation de Walther. Celui-ci lui répond que le jeune homme n'a aucune chance et qu'il n'a trouvé aucun ami parmi les Maîtres. Il comprend à la réaction enflammée d'Eva que celle-ci en est amoureuse.
Magdalene annonce à Eva que Beckmesser viendra à la nuit noire chanter sous son balcon le lied avec lequel il compte la conquérir le lendemain. Il la prie donc d'ouvrir sa fenêtre. Eva demande à Magdalene de prendre sa place à la fenêtre, ce que celle-ci accepte, espérant rendre ainsi David jaloux. Alors que Magdalene cherche à faire rentrer Eva dans la maison, elle se dégage en apercevant Walther qui vient la voir. Celui-ci explique que tout espoir de gagner le concours est vain, et que leur seule chance de vivre leur amour est de fuir tous les deux. Sachs, qui a entendu la conversation, décide de les surveiller.
Les deux jeunes gens sont bloqués dans leur projet de fuite par l'arrivée de Beckmesser. Alors que celui-ci s'apprête à chanter, Sachs, qui est cordonnier de son état se met à travailler un soulier avec son marteau en chantant à tue-tête, une ode à Eve chassée du Paradis, afin de punir Beckmesser de son attitude durant le chant de Walther (« Jerum! Jerum! »). Beckmesser lui demandant d'arrêter, Sachs se plait à le faire enrager. Il lui propose de le laisser chanter, de prendre un rôle de Marqueur et de marquer chaque faute d'un coup de marteau. Et pendant que les deux amoureux restent blottis dans l'ombre, l'un contre l'autre, Beckmesser entonne son lied. Mais dérangé par la menace de Sachs, il enchaine les fautes (« Den Tag Seh' Ich Erscheinen »). Si bien que Sachs finit son soulier le temps de la chanson. Ayant du chanter fort pour couvrir les bruits de Sachs, Beckmesser se fait huer par les voisins. David, pensant qu'il chante pour Magdalene, lui tombe alors dessus et brise son luth. Les voisins, sortant, prennent part à la dispute et créer se lancent dans une bagarre générale (« Mit Den Schuhen War Ich Fertig Schier »).
Alors que Walther et Eva cherchent à profiter du tumulte pour fuir, ils sont arrêtés par Sachs qui n'a cessé de les surveiller. Il revoit Eva chez elle et pousse David et Walther dans sa propre demeure. Le veilleur de nuit approchant, chacun rentre chez lui : en quelques instants, la ruelle est déserte.
Acte III
Le lendemain, David revient dans l'atelier de Sachs, après s'être fait offrir un panier garni par Magdalene. Alors qu'il tente de parler à Sachs, celui-ci semble ailleurs, rêveur, préoccupé. Après un temps, Sachs lui prodigue quelques paroles douces. Alors que David lui suggère qu'il devrait chercher à obtenir la main d'Eva, Sachs lui ordonne d'aller travailler son chant pour le concours.
Walther se réveille alors et raconte à Sachs qu'il a fait un merveilleux rêve. Sachs y voit un bon présage, et lui demande de s'en inspirer pour dire des vers. Lui tiendra la plume et corrigera les vers afin qu'ils respectent les règles de Maîtres. Se laissant guider par Sachs, Walther compose deux couplets qui émeuvent le Maître aux larmes. Puis, impatient, il décide de composer plus tard le troisième. Après quelques dernières recommandations, Sachs et Walther vont s'habiller pour la cérémonie.
Beckmesser, claudiquant, arrive à l'échoppe, et, n'y trouvant pas Sachs, entre. Il tombe alors sur le manuscrit sur lequel Sachs a écrit les deux premiers couplets du chant de Walther. Au cours de sa lecture, son émotion monte, ainsi que sa colère : il pense Sachs sur le point de concourir pour épouser Eva, et explique ainsi son comportement de la veille. Lorsque Sachs revient, il l'accuse d'avoir comploté contre lui. Pour l'assurer du contraire, Sachs lui propose de garder le manuscrit, et l'autorise à l'utiliser lors du concours. Afin d'apaiser les doutes de Beckmesser, il promet également de ne jamais dire à qui que ce soit qu'il en est l'auteur. Beckmesser s'en retourne alors gaiment, persuadé de sa victoire à venir, après que Sachs lui eut conseillé d'en bien étudier le rythme afin de trouver la mélodie et la scansion adaptées (« Das Gedicht? Hier Liess Ich's »).
Alors que Sachs se réjouit du coup qu'il est en train de jouer à Beckmesser, Eva entre dans son échoppe, dans une magnifique toilette, et se plaint avec un petit peu de mauvaise foi, de ses souliers douloureux. Quand Sachs aperçoit Walther qui admire Eva, caché, il déclare tout haut espérer entendre le troisième couplet du chant entendu plus tôt. Walther sort alors de sa cachette et compose le couplet. Sachs demande alors à Eva de se souvenir que c'est chez lui qu'elle aura entendu ce couplet pour la première fois. Après lui avoir faire reproche malicieusement de son manque de confiance, Sachs explique la raison pour laquelle il n'a pas souhaité concourir : voyant en Walther et Eva un Tristan et une Isolde, il n'a pas souhaité se donner le rôle du roi Marke (« Hat Man Mit Dem Schuhwerk »). Alors que David et Magdalene entrent, il décide de baptiser le chant de Walther « Air béni du rêve matinal au doux présage », Eva et lui-même en étant les parrains, puis il demande à David de s'agenouiller et le fait Compagnon cordonnier. Puis tous partent rejoindre la prairie où a lieu le concours.
Sur la prairie où a lieu le concours, les différentes corporations défilent : les cordonniers, les tailleurs, les boulangers, etc (« Sankt Krispin, Lobet Ihn! »). Après un discours liminaire de Sachs, Beckmesser est invité à chanter. Mais il ne comprend pas le sens du lied de Walther et peine à se souvenir des paroles. Il balbutie son chant et finit par s'interrompre, annonçant qu'il n'en est pas l'auteur, mais que Sachs le lui a donné (« Morgen Ich Leuchte »). Sommé de s'expliquer, celui explique modestement qu'il serait bien incapable d'écrire un si beau lied. Devant l'étonnement général, il ajoute que lorsque l'assemblée aura entendu le véritable auteur le chanter, sur un air plus approprié, celui-ci ne pourra qu'être déclaré Maître. Appelant Walther, il lui demande de chanter le lied afin de prouver son propos (contournant ainsi l'élimination subie la veille). Par son chant, Walther conquis l'assemblée et est désigné Maître (« Morgenlicht Leuchtend »). Mais il refuse le titre, à la consternation générale. Sachs lui explique alors le rôle des Maîtres-Chanteurs dans la conservation de l'art allemand au fil des siècles. Poussé par Eva, Walther finit par accepter, pendant que Sachs est acclamé pour sa sagesse (« Verachtet Mir Die Meister Nicht »).