Argument
La jeune Nadra et son père brûlent leurs papiers d’identité, s’apprêtant à fuir leur pays natal pour n’y jamais revenir. Ils disent adieux à tout ce qu’ils ne peuvent mettre dans leur sac, ne les emmenant qu’en pensées (« Regarde-le longtemps, ce que tu ne peux pas prendre avec toi »). Loin de là, un émigré décrit les villes occidentales qu’il a rejointes à présent, se sentant ébloui mais écrasé (« J’ai vu leurs villes »).
Déjà, le père s’inquiète du danger que sa propre faiblesse fait courir à sa fille, mais celle-ci le rassure (« Je ne sais pas si j’aurai la force de te suivre »). Pendant ce temps, l’émigré, au bord d'une route, voit les phares d'une voiture approcher. Il se fait faucher (« C’est une nuit le long d’une route »).
Nadra et son père continuent leur chemin, malgré l’épuisement, gardant l’espoir de rejoindre des terres où l’on ne souffre pas (« Respire, père »). L’émigré se relève. Il ne se sent chez lui ni dans sa terre d’adoption ni dans sa terre natale. Il décide de retourner sur le lieu où il a perdu une part de lui (« Je me relève »).
Malgré sa propre souffrance et celle de sa fille, le père de Nadra se sent heureux de voir sa fille marcher vers un avenir plus heureux (« J’entends ton souffle sur mon dos, père »). Devenu une ombre après son accident, l’émigré parcours le monde. La route est plus facile à présent (« Je suis une ombre maintenant »).
Arrivés à la frontière, le père de Nadra demande à sa fille de franchir le grillage tant redouté en premier. Nombreux sont ceux qui devront abandonner là leur quête (« Tu iras la première »). L’ombre de l’émigré observe ses semblables, tentant de franchir la frontière (« Je vous vois, mes frères »). Il voit alors Nadra qui s’élance et court, encouragée par son père et les autres migrants. Elle franchit la grille (« Va, Nadra, cours »). Se retournant, elle remarque que son père n’a pas même cherché à la suivre, restant de l'autre côté de la frontière : il lui faudra l’emmener en pensée, comme les objets laissés au début du périple (« Tu ne passeras pas, père »). Chacun repense alors à ce qui l’a incité à quitter son pays (« Nous nous levons »).
L’émigré se souvient de son propre passage du grillage, quand un homme lui a demandé son aide, et qu’il l’a ignoré. Il est en fait mort ce jour-là, d’être resté sourd à sa voix (« Sauter… Monter… »). De son côté, le père reste sur sa terre, au milieu des objets abandonnés par ceux qui ont franchi la frontière. L’ombre de l’émigré lui donne un nom : Daral Shaga. L’Homme qui ne meurt pas (« De chaque côté de la grille, un pays me regarde »).