Argument
Acte I
Dans une auberge d’Amiens, deux nobles, Gillot de Morfontaine et Monsieur de Brétigny, s’impatientent devant l’absence du tenancier. Trois jeunes femmes, Poussette, Javotte et Rosette se joignent à leurs cris jusqu’à ce qu’enfin leur table soit servie (« Holà ! Hé ! Monsieur l’hôtelier ! »). Les villageois s’approchent alors pour assister à l’arrivée de la diligence. Parmi eux, Lescaut annonce attendre sa cousine et donne rendez-vous à ses amis à l’auberge (« Entendez-vous la cloche »). Peu après, le coche arrive et les voyageurs descendent (« Les voilà ! les voilà ! les voilà ! »). Manon et son cousin font connaissance. La jeune femme se remet doucement du premier voyage de sa vie (« Eh ! j’imagine que cette belle enfant »). Tandis que Lescaut s’éloigne pour chercher les bagages de sa cousine, Monsieur de Brétigny puis Gillot de Morfontaine s’approchent de Manon pour lui faire la cour. Ce dernier, repoussé, propose tout de même de faire envoyer une voiture pour venir la chercher, plus tard dans la nuit. Prétextant des affaires, Lescaut va finalement rejoindre ses amis au cabaret (« Regardez-moi bien dans les yeux »).
Un voyageur, le Chevalier des Grieux, s’approche : ayant manqué la diligence, il se voit contraint d’attendre le lendemain pour rejoindre son père. Mais lorsqu’il aperçoit Manon, l’amour le saisit et l’entraîne vers elle : la demoiselle est aussitôt charmée (« J’ai marqué l’heure du depart »). Manon lui explique qu’elle doit entrer au couvent le lendemain. La voiture de Gillot de Morfontaine se présente alors. Les deux amants décident de l'utiliser pour fuir ensemble (« Nous vivrons à Paris tous les deux ! »). Une foi revenu, Lescaut querelle Gillot qu’il accuse d’avoir emmené Manon. Mais une fois la fuite dénoncée par l’aubergiste, Gillot jure d’obtenir vengeance des deux amants (« Plus un sou ! Le tour est très plaisant ! »).
Acte II
Chez des Grieux, ce dernier écrit à son père afin de l’informer de la passion qui le dévore pour Manon. Cette dernière s’en amuse (« Manon ! Avez-vous peur que mon visage »). Lescaut et Monsieur de Brétigny font alors irruption. Le premier réclame réparation de son honneur bafoué. Mais il se fait plus raisonnable lorsque des Grieux lui annonce son intention d’épouser Manon. Pendant que les deux hommes discutent, de Brétigny avertit Manon que le père de des Grieux le fera enlever le soir-même et lui fait remarquer que, s’ils s’enfuyaient de nouveau, ce serait dans la misère, tandis qu’elle serait riche si elle l’épousait (« Enfin, les amoureux, je vous tiens tous les deux ! »). Lescaut quitte alors les lieux, avec de Brétigny, en bénissant le mariage à venir de sa cousine. Des Grieux, quant à lui, part porter sa lettre. Pendant ce temps, Manon décide de ne pas révéler à son amant le projet de son père, malgré l’amour qu’elle lui porte (« Allons ! Il le faut ! Pour lui-même ! »). Peu après le retour de des Grieux, quelqu’un frappe à la porte. Malgré son angoisse, Manon laisse son amant aller répondre, puis se faire emmener (« Enfin, Manon, nous voilà seuls »).
Acte III
Au Cours-la-Reine, Poussette, Javotte et Rosette festoient au milieu des villageois (« C’est fête au Cours-la-Reine ! »). Non loin, Lescaut exalte son amour pour une jeune femme (« O Rosalinde ! Il me faudrait gravir le Pinde »). Parmi les dames, Manon paraît au bras de Monsieur de Bretigny : elle se félicite de son succès (« Voici les élégantes ! »). Le Comte des Grieux, père du Chevalier, fait alors son apparition : il indique à de Bretigny que son fils est à présent abbé, étant entré dans les ordres après avoir vu son amour trahi. Eloignant de Bretigny, Manon interroge le Comte sur son ancien amant : ce dernier lui indique qu’après avoir beaucoup pleuré, il était parvenu à l’oublier (« Pardon ! Mais j’étais là près de vous »). Ce dernier parti, Gillot de Morfontaine se présente, ayant prévu de donner un opéra en l’honneur de Manon. Mais Manon s’enfuie, demandant à son cousin Lescaut de l’emmener à Saint-Sulpice.
A Saint-Sulpice, l’assemblée est admirative devant l’éloquence de l’abbé des Grieux, qui vient d’achever son prêche (« Quelle éloquence ! Quelle abondance ! »). Le Comte vient le trouver afin de tester ses intentions, mais l’abbé affiche sa fermeté. Le Comte se retire alors, lui promettant de l’argent pour subvenir à ses premiers besoins (« Épouse quelque brave fille »). Resté seul, l’abbé jette un regard amer sur sa vie (« Je suis seul ! Seul enfin ! »). Manon fait son apparition et demande à parler à des Grieux, pleine de remords de l’avoir abandonné (« Pardonnez-moi, Dieu de toute puissance »). Au premier regard, des Grieux la repousse cependant. Mais face à ses élans amoureux et à son repentir, il finit par céder. Ils s’enfuient ensembles (« Oui ! Je fis cruelle et coupable ! »).
Acte IV
Dans une maison de jeu parisienne, Lescaut, Poussette, Javotte et Rosette se divertissent au milieu de joueurs plus ou moins honnêtes (« Le joueur sans prudence »). Lescaut amuse l’assemblée en chantant son amour du jeu (« C’est ici que celle que j’aime »). C’est alors que paraissent Manon et des Grieux. Ce dernier réaffirme son amour pour la jeune femme, malgré l’inquiétant goût de celle-ci pour les plaisirs et le jeu. Après une faible résistance, il accepte de jouer à la demande de Manon, afin de leur assurer la richesse (« Manon, sphinx étonnant »). Gillot de Morfontaine l’encourage à jouer gros contre lui. Des Grieux accepte à la grande joie de Manon (« Ce bruit de l’or ce rire et ses éclats joyeux ! »). Ayant remporté plusieurs parties, des Grieux se voit insulté par Gillot qui l’accuse de tricher. Avant de quitter les lieux, Gillot promet de se venger (« Un mot, s’il vous plait, chevalier »). Quelques instants plus tard seulement, la police fait son entrée, suivie de Gillot, ainsi que du Comte des Grieux qui reproche à son fils le déshonneur qui le touche. Les deux amants sont emmenés (« Partons ! Je t’en supplie ! »).
Acte V
Près du Havre, le Chevalier espère pouvoir sauver Manon (« Manon ! Pauvre Manon ! »), mais Lescaut lui apporte une mauvaise nouvelle : les hommes recrutés pour l’évasion ont désertés (« Monsieur le chevalier »). Les deux hommes se cachent et observent deux soldats : l’un d’eux explique à l’autre que Manon est gravement malade. Lescaut soudoie le soldat pour que des Grieux puisse voir la jeune femme : celle-ci implore le pardon de son amant, qui se jette à ses pieds. Mais, alors qu’ils tentent de fuir, Manon s’écroule, épuisée, et meurt dans un dernier chant d’amour (« O Manon ! Manon ! Tu pleures ! »).