Les 15 genres d'opéras
Pour commencer ce dossier, voici les trois premiers genres typiquement français par ordre chronologique.
La tragédie Lyrique
La tragédie lyrique est le premier genre d’opéra typiquement français. Il est en usage entre le XVIIè et le XVIIIè siècle. Le genre est initié par Jean-Baptiste Lully qui veut à l’époque se démarquer de l’opéra italien. Contrairement à ce dernier, qui tend à mettre en valeur le chant, la tragédie lyrique est un spectacle complet qui met sur un pied d’égalité le texte, les décors, les costumes, la musique et la danse. Lully voulait en faire un genre aussi prestigieux que la tragédie classique des maîtres Corneille et Racine. Ainsi, comme cette dernière, elle comprend cinq actes, précédés généralement d'une ouverture et d’un prologue. Dans ce genre alternent airs solistes, chœurs, récitatifs, intermèdes instrumentaux et danses. Il décline au début du XVIIIème siècle avec la mort de Louis XIV, le public lui préférant des opéras moins codés comme l'Opéra-ballet.
Atys de Lully est un exemple typique de ce genre d'opéra (ici par Christie, Villégier, 1987) :
L'opéra-ballet
L’opéra-ballet est un genre français né au XVIIè siècle sous l’impulsion de Rameau et Lully. Il se structure en quatre ou cinq actes indépendants les uns des autres, appelés « entrées », reliés toutefois par un thème commun. C'est un genre de pur divertissement, très proches de la tragédie lyrique, pratiquée à la même époque. La grande différence notable est la réduction de l’action chantée au profit d'intermèdes dansés. L'intrigue est donc simplifiée à l'extrême et n'a pour but que d'amener des situations de danses. Ainsi, les metteurs en scène créent des personnages susceptibles d’effectuer des chorégraphies, comme des danseurs de carnaval ou des indigènes.
Les Indes Galantes de Rameau figure parmi les plus grands chefs-d'oeuvre de l'opéra-ballet :
L'opéra-comique
Contrairement à ce que son nom suggère, l’opéra-comique n’est pas une œuvre comique avec un dénouement heureux (Carmen de Bizet étant l'exemple le plus célèbre d'opéra-comique au dénouement tragique). C’est une pièce où l’on alterne les scènes chantées et les scènes parlées. Le genre est né au XVIIIè siècle en France. Ses sujets de prédilection sont la vie quotidienne et l’actualité.
La Colombe de Gounod est un exemple d'opéra-comique :
Le singspiel
Le singspiel est un genre allemand en usage entre le XVIIè et le XVIIIè siècle. Il s’inspire fortement de l’opéra-comique Français et se caractérise par une alternance de dialogues parlés et d’airs chantés. Ce sont des œuvres populaires, avec une musique et des intrigues simples, peu de personnages solistes et des moyens limités. Mozart est l’un des compositeurs de singspiel les plus importants. Nous vous présentons l'air Zu Hilfe ! Zu Hilfe !, tiré de son opéra La Flûte enchantée.
Les genres d'opéras vont ensuite gagner en ampleur et en splendeur :
L’opéra-seria
Il s'agit d'un genre italien en vogue au XVIIIè siècle dans toute l’Europe. Ce sont des œuvres très codifiées, avec une ouverture en trois mouvements suivie de trois actes. Ceux-ci se composent de récitatifs, entrecoupés d’airs très virtuoses visant à mettre en avant la performance de l’interprète. Les thèmes abordés sont des plus sérieux, souvent tirés de la mythologie gréco-romaine. Les moyens mis en œuvres sont importants, avec beaucoup de solistes, des chœurs et un orchestre imposants, ainsi que des décors démonstratifs. L’opéra-séria italien est le genre rival de la tragédie lyrique française. Voici pour exemple l'air Forte e lieto a morte andrei, extrait de Tamerlano de Haendel.
L’intermezzo
L’intermezzo, ou intermède, est une petite pièce lyrique qui est insérée entre deux actes d’une œuvre dramatique plus conséquente, comme une tragédie lyrique ou un opéra-seria. Ce sont des œuvres très courtes, qui durent généralement autour de quarante-cinq minutes, comiques, légères, avec peu d’interprètes et de moyens. Ce genre est très en vogue au XVIIè siècle et inspirera les créateurs de l’opéra-buffa et de l’opérette. Ôlyrix vous présente l’air J’ai perdu tout mon bonheur, extrait de l’intermezzo Le Devin du village de Rousseau.
L'oratorio
Ce genre lyrique est à mi-chemin entre la cantate et l'opéra. Il s'agit d'une œuvre conçue au départ sans mise en scène (de nos jours certains le sont), sacrée, devant être jouée dans les églises. Comme avec l'opéra, il y a une ouverture, des récitatifs, des airs et des chœurs. L'un des maîtres de l'oratorio est Haendel, qui compose notamment Semele, dont voici l'extrait Where'er you walk.
Le Grand Opéra
Ce genre Français, né à Paris au XIXè siècle, connaît son apogée entre 1830 et 1870. Il est toujours en quatre ou cinq actes avec un grand ballet dans le troisième acte. Il alterne les airs et les récitatifs chantés. Sa principale caractéristique est d’être grandiose : il y a toujours des chœurs et un orchestre très imposants ainsi que de nombreux personnages solistes. Les histoires racontées sont souvent dramatiques avec des scènes macabres et terrifiantes. Giacomo Meyerbeer est l’instigateur de ce courant, voici l’Air du Bonheur de la table, tiré de son opéra Les Huguenots.
Le drame lyrique
Ce genre est hybride, situé à mi-chemin entre l’opéra-comique et le Grand Opéra. Comme ce dernier, il est en quatre ou cinq actes et il alterne les airs et les dialogues chantés. En revanche, il est moins grandiose, avec moins de musiciens, de choristes, de personnages et de décors : comme l’opéra-comique. Les thèmes les plus fréquemment abordés sont l’amour, la nature et le voyage et toutes formes de violences sur scène est proscrite. La musique a pour caractéristique d’être simple et facile à retenir. Jules Massenet est l’un des plus grands compositeurs de drames lyriques, notamment avec l'opéra Werther, dont voici l’extrait Alors, c'est bien ici la maison du Bailli ?
L'opéra sait aussi se faire plus léger.
L’opéra-buffa
L’opéra-buffa, à ne pas confondre avec l’opéra bouffe (voir le genre suivant), est un genre italien né aux alentours de 1750 à Naples. Il s’oppose dramatiquement et musicalement à l’opéra-seria, de par les sujets qu’il traite, qui sont comiques et légers, ainsi que de par son côté intimiste. Il y a en effet peu de personnages solistes, accompagnés par des chœurs et un orchestre réduits. L’opéra-buffa alterne les airs chantés et les récitatifs parlés. Il n’a pas de forme définie comme l’opéra-seria. Admirez La mia Dorabella capace non è, tiré de Cosi Fan tutte de Mozart.
L'opéra-bouffe
Le terme opéra-bouffe apparaît sous la plume de Jacques Offenbach en 1855 lorsqu'il prend la direction des Bouffes-Parisiennes. Le compositeur veut créer un genre léger et comique, proche de l’opérette, mais qui puisse aussi concurrencer les œuvres du grand répertoire. Ainsi, l'écriture musicale est recherchée, les protagonistes sont nombreux, et les décors importants. Nous vous présentons l'air Soyez pitoyable !, tiré des Brigands d'Offenbach :
L'opérette
Genre né en France pendant la seconde moitié du XIXè siècle, il s'agit généralement de pièces courtes en un ou deux actes, où l’on parodie des sujets sérieux. L’ensemble se veut comique, populaire, et le dénouement est toujours heureux. On y alterne dialogues parlés, airs chantés et danses burlesques. C’est un genre intimiste, avec peu de personnages et de décors. La musique est très accessible et est faite pour être retenue par le plus grands nombres. Jacques Offenbach en est le compositeur le plus populaire. Son opérette Orphée aux enfers est son plus grand succès. Nous vous en présentons Le duo de la mouche.
Le dramma giocoso
Né en Italie vers 1750, il est composé d’une intrigue sérieuse ou pathétique qui se termine par un final joyeux. Il se place ainsi à mi-chemin entre l’opéra-buffa et l’opéra-seria. Les drammi giocosi alternent les airs chantés très virtuoses et les récitatifs chantés. Comme pour l’opéra-buffa, c’est un genre intimiste avec peu de moyens, comme dans No, No, No: Non V'È, tiré de La Cenerentola de Rossini.
L'opéra sait aussi voyager
Le mask
Le mask (ou semi-opéra) est un genre anglais du XVIIème siècle. C'est un genre hybride entre le théâtre et l'opéra, où la priorité est donnée aux dialogues parlés plutôt qu'aux dialogues chantés. Les scènes vocales apparaissent uniquement lorsqu'elles sont justifiées par l'intrigue. Le maître incontesté du mask est Henry Purcell, qui en compose cinq. Voici l'extrait The cold scene, tiré de l'un de ses plus célèbres : King Arthur.
La zarzuela
C'est le genre espagnol né aux alentours de 1650. Elle connait son apogée au XVIIIè siècle avant de décliner lentement. C’est un genre qui se rapproche de l’opéra-comique français et du singspiel allemand, avec des scènes théâtrales, des dialogues parlés, des airs chantés, de la danse et des intermèdes musicaux. Les intrigues sont légères afin d’être accessibles au plus grand nombre. Parmi les nombreuses merveilles du genre, découvrons No extrañéis, no, que se escapen, tiré de La Bruja de Chapi.