Le réalisateur, metteur en scène et scénariste autrichien Michael Haneke est né à Munich le 23 mars 1942. Il grandit au sud de Vienne, dans un milieu artistique, puisque ses deux parents sont acteurs et que sa mère se remarie avec un compositeur et chef d'orchestre. Il étudie la psychologie et la philosophie à l'Université de Vienne où il commence à faire des mises en scène de théâtre. Une fois sorti de l'université, il devient critique de cinéma et rédacteur pour la télévision de 1967 à 1970, puis il passe à la mise en scène dramatique, en Allemagne et en Autriche. Il passe à la réalisation pour la télévision en 1973. Seize ans plus tard, en 1989, il fait ses débuts au cinéma d’une manière presque fortuite. En effet, aucune chaîne n'accepte de diffuser son film Le Septième continent, qui relate l’histoire d'une famille dont chaque membre se suicide un à un : il décide donc de le sortir au cinéma.

Au fil des années, il s'impose comme l’une des figures majeures du cinéma d’auteur contemporain. Ses films se distinguent par leur style hiératique et leur rythme très contrôlé et assez lent. Ils traitent presque tous de l'isolation des sociétés modernes y compris à l'intérieur même du cercle familial, de l'aliénation produit par les médias de masse, surtout dans le rapport à la violence, ainsi que de l'hypocrisie de la société autrichienne (puis française) vis-à-vis de ses crimes passés et de ses tensions sociales.

En 2006, Gérard Mortier, alors Directeur de l'Opéra de Paris, lui confie sa première mise en scène. Michael Haneke souhaite mettre en scène Cosi fan tutte de Mozart, mais Patrice Chéreau vient d'en livrer sa version pour la même scène un an auparavant. Il opte finalement pour un autre Mozart, Don Giovanni, donné à l’Opéra Garnier. Il transpose l’œuvre dans une multinationale, ce qui lui permet de mettre en dialogue l'œuvre de Mozart et Da Ponte avec ses propres interrogations sur les rapports de force sociaux. Ainsi, il fait de Don Giovanni un PDG qui séduit Zerline, devenue technicienne de surface, par ennui. Michael Haneke conserve d'ailleurs le ton de son œuvre cinématographique, son Don Giovanni étant particulièrement sombre. Le rythme est également à l'image de ses films, délibérément ponctué de silences pesants et utilisant un tempo particulièrement lent dans les récitatifs. D'ailleurs, Michael Haneke pense que la mise en scène d'opéra est plus proche du cinéma que de la mise en scène théâtrale, justement de par le rôle crucial que joue le tempo dans l'art lyrique comme dans le septième art, qui viennent moduler le livret ou le scénario. Il remporte la Palme d'or en 2009 pour le Ruban Blanc, film historique situé dans un petit village d'Autriche au tournant du XX^e, alors plongé dans un climat de violence sourde ainsi qu'une violence aussi bien physique que psychologique. Il remporte de nouveau la Palme d'or en 2012 pour Amour, qui relate la vie d'un couple de musiciens octogénaires qui sombre au fur et à mesure que la vieillesse gagne.

En 2013, sa mise en scène de Cosi fan tutte est représentée au Teatro Real, grâce à l'invitation de Gérard Mortier pour ce projet. Là encore, la noirceur de l’œuvre est soulignée, la mise en scène insistant sur sa dimension grinçante. En effet, le happy end apparent du Cosi d'Haneke parait ambigu et peu stable. Le lent tempo choisi allonge considérablement l'œuvre malgré la suppression de certains airs jugés trop joyeux pour la mise en scène. Le baryton William Shimell, qui joue le rôle de Don Alfonso, est d'ailleurs acteur, et avait tenu un second rôle dans Amour. Plus tard la même année, la mise en scène est reprise à la Monnaie de Bruxelles. Michael Hanneke se consacre ensuite à son activité principale : le cinéma. Son dernier film en date, Happy end, sort en 2017.