La Cathédrale Bruxelloise résonne ce soir de son ample réverbération et entoure d’une puissance architecturale et sonore les musiques de grands maîtres de la Renaissance (Thomas Tallis, Robert Carver, John Sheppard, Josquin Desprez, Alessandro Striggio).

Placés en plein centre de la croisée du transept, l’ensemble rejoint le chœur de la Cathédrale en formation circulaire, faisant donc en partie dos aux mélomanes et laissant d’autant plus s’élever leur voix commune vers la verticalité résonnante du lieu. La forme ondulatoire d’une musique mystique rejoint les hauteurs architecturales, l’extatique rejoint l’exactitude avec la précision des chanteurs. Tantôt chantées en des lignes pures et limpides, les syllabes semblent parfois même chuchotées, les paroles saintes sont échangées avec mystère. 

L’ensemble a même et ainsi choisi une formation concentrée, pour un résultat plus intime et recueilli alors que certaines œuvres furent pensées pour des chœurs spatialisés, installés sur des côtés et dans des hauteurs des lieux sacrés.

L’espace ne s’emplit pas moins d’une vague sonore générale, nourrie par les variations vocales, établissant une architecture résonante à la mesure du lieu. 

La direction limpide de Lionel Meunier marque la musique liturgique avec une force physique et rituelle. Face à l’architecture et aux échos, les grands espaces semblent nourrir le déploiement progressif et cyclique de la prononciation, des volumes, de la mathématique et géométrie qui construisent cette tradition musicale.

Finalement, pour conclure le concert, l’ensemble entoure le public afin d’offrir l’Ecce beatam lucem (Voici la lumière sainte) d’Alessandro Striggio. Séparés en six groupes de six chanteurs de différentes tessitures, la musique, solaire, rayonne, imprégnée de lumière sainte et de bonté éternelle, avant de laisser le public rejoindre la ville. 

La Cathédrale comble et comblée offre un silence concentré avant un très bel accueil aux artistes.