L’Académie Jaroussky sous le signe de Debussy à La Seine Musicale
Les 20 “Jeunes Talents” (catégorie des 18-30 ans pour cette académie) poursuivent leur parcours avec leurs célèbres professeurs : Philippe Jaroussky pour le chant, Cédric Tiberghien au piano, Nemanja Radulovic avec son violon et Anne Gastinel du violoncelle.
La jeune soprano Judith Ankoué et le jeune pianiste Louis-Victor Bak au jeu subtil et nuancé proposent déjà une interprétation mature de La Vie antérieure (la riche mélodie opératique de Duparc). La voix se déploie sur un ample vibrato, le timbre chaud enveloppe la salle de concert. Marque, pour elle comme pour ses collègues, des conseils reçus, elle s'applique dans le débit d’air et sa posture, assurant une facilité de souffle lui permettant de déployer des nuances subtiles. Sa diction modèle ajoute à la compréhension et à l'émotion de sa prestation, transportant le public dans un monde musical onirique.
Clara Barbier Serrano est accompagnée par le violoniste Thomas Briant qui virevolte sur son instrument, échangeant des regards complices avec la soprano, menant le public en terres irlandaises. Bien que la tessiture de la pièce soit un peu trop grave pour la colorature, la chanteuse déploie sa voix et l'engagement de son agilité dans le "Duo de la mouche" d'Orphée aux Enfers avec le baryton Pierre Barret-Mémy. Accompagné par Gabriel Durliat qui pianote avec humour et le sourire, le chanteur manque un peu de coffre en Papageno dans La Flûte enchantée mais n'en offre pas moins un timbre feutré, avec une justesse musicale et scénique.
Benoît Déchelotte est accompagné par la pianiste Ninon Hannecart-Ségal qui donne tout son sérieux pour accompagner le baryton sur la route de Broadway. Son Soliloquy extrait du Carousel de Rodgers, le trouve presque penaud en arrivant sur scène, mais pour mieux surprendre l'auditoire de son timbre brillant, sa justesse et prosodie impeccable, sa voix puissante et expressive.
Enfin, Michèle Bréant (qui participait également à La Traviata dans la grande salle) offre une prestation émouvante de la Havanaise de Pauline Viardot. Appliquée dans les vocalises avec son timbre riche et chaleureux, associé à sa présence scénique, elle capte l'attention du public dès les premières notes. Son souffle se déploie avec un peu d'air dans la voix dans les parties les plus graves, mais une grande douceur dans les passages les plus lents. Gabriel Durliat se fait toujours à l’écoute, pour complémenter la suavité de cette chanson.
Le public salue sans retenue et à cœur joie le travail de tous ces artistes.