À l’occasion de ce concert à cappella, le programme des Vêpres est ponctué de deux compositions contemporaines lettones, d’Ēriks Ešenvalds et Pēteris Vasks, portées par les 24 voix aux teintes célestes du Chœur de la Radio Lettone sous la direction de Sigvards Klava. Du premier et toujours dans le thème religieux, A Drop in the Ocean répond aux mots de Mère Theresa « Ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte dans l’océan » en imitant les sons des éléments. Du second, Mūsu māšu vārdi - Our Mother's Names offre une ballade douce et sombre de chants traditionnels jusqu'à la tendresse chuchotante.

Si le programme du Festival est axé sur l’exil vers les États-Unis de Rachmaninov (suite à la révolution russe de 1917), c’est à la source de ses inspirations que ce concert remonte : les influences folkloriques et la musique d’église orthodoxe. Précédant les grandes fêtes de l’Eglise orthodoxe russe, les vigiles nocturnes permettait l’introduction des fidèles à une musique concentrée, intime et mesurée. Les 15 chants inspirés des textes religieux de ces vêpres composées en 1915 se partagent en différents moments, les six premières invitant à la pénitence et la méditation, suivies de neuf chants de matines, autour du thème de la résurrection du christ.  

Composé de douze femmes et douze hommes, les Chœurs de la Radio Lettone portent ces vêpres avec articulation, austère et impénétrable sous la direction de Sigvards Klava. L’ensemble est ample, maîtrisé, dessinant des lignes d’une rare pureté, mesurée et pénétrante. Les pupitres féminins s'équilibrent entre timbre sombre et éthéré. Les pupitres aigus de part et d'autre (ténors et soprani) côtoient le sombre des basses cuivrées. 

Le public offre lui aussi un contraste, entre sa concentration introspective durant le concert et ses applaudissements à son issue. Emporté par la puissance mystique et intime du concert, l'auditoire concentré fait vœu de silence en hommage à la finesse musicale avant d'ovationner le chœur letton, qui poursuit sa tournée.