La soprano se charge elle-même de raconter ce spectacle et de présenter les morceaux au fur et à mesure, avec une brève traduction des textes. Amel Brahim-Djelloul se fait ainsi guide sur ces Chemins qui montent, titre du livre de Mouloud Feraoun désignant la voie géologique mais aussi spirituelle des montagnes de Kabylie.

Amel Brahim-Djelloul rend ainsi hommage à la musique de son pays natal et à des chants de son enfance mais, n'étant pas originaire de Kabylie, elle en a travaillé la langue avec le poète Rezki Rabia, dont certains textes ont été mis en musique par Thomas Keck, créations originales parmi les autres chansons de ce concert.

La soprano se sert très peu de sa voix lyrique dans ce répertoire et avec son amplification par microphone. Elle ouvre le spectacle depuis les coulisses et dans le noir avec une voix claire, douce, étincelante. Les couleurs et les sonorités évoquent immédiatement ce bassin culturel, l'agilité ornant son chant avec fraîcheur tout en transmettant efficacement la joie et la sérénité de ces morceaux. Sa technique lyrique s'exprime par quelques aigus piano bien soutenus, des attaques nettes et assurées. Son interprétation scénique est également très adaptée à ce répertoire et à l'ambiance de chaque morceau : solennelle ou dynamique, sentencieuse ou dansante.

Les musiciens sont également très présents, en tant que protagonistes solistes aussi bien qu'accompagnateurs, mariant la guitare de Thomas Keck, le violon et l’alto (et très brièvement la voix) du frère de la soprano, Rachid Brahim-Djelloul, contrebasse, ney et percussions (Damien Varaillon, Adrien Espinouze et Dahmane Khalfa). Le son de ces différents instruments se mélange harmonieusement, les uns avec les autres et soutiennent la voix de la chanteuse avec la finesse de lignes musicales très délicates. Le jeu est riche en couleurs, bien synchronisé et d’une grande justesse. L'investissement des artistes anime le public et le fait même participer au rythme des percussions.

Ce spectacle en forme de voyage emporte ainsi le public à travers des harmonies enivrantes, variées et aériennes, traversant les siècles et soulevant les montagnes. Le public, très enthousiaste, se lève pour saluer longuement les artistes.