L’Académie de La Scala au Théâtre des Halles en Avignon
Les solistes de la prestigieuse Académie de La Scala de Milan débarquent le temps d’une soirée -dans le cadre de la semaine italienne annuelle en Avignon- pour un concert 100% Verdi (concert annulé l’année dernière à cause de la pandémie), reprenant le cours de ce partenariat désormais attendu par le public.
Les trois artistes apparaissent seuls ou en duo, d’un professionnalisme déjà remarqué et dans une complicité scénique qui évolue jusqu’à la fin du spectacle. Sur le plateau assez large, ils se déplacent librement et laissent leurs théâtralités s’exprimer.
D’une voix langoureuse et authentique, la soprano Arianna Giuffrida montre son aisance dans ce répertoire. Chantant sans efforts apparents, sa voix se déploie avec facilité au sein de la salle. Elle exécute de belles lignes veloutées soulignées par une douceur vocale également appropriée à son jeu. D’un reflet métallique et convaincu, les aigus s’exclament et s'approprient le personnage de Luisa Miller. Le ténor Brayan Avila Martinez garde un dynamisme constant qui perdure dans son jeu scénique. Imprégné par ses actions, l’investissement vocal sollicite sa grande étendue avec notamment des aigus brillants et bien timbrés. Cependant, le chanteur manque parfois de nuances et de souplesse dans la ligne de chant, ce qui entraine une tension et une forme de rigidité musicale. Quant au baryton Ettore Chi Hoon Lee, il s’investit dans un jeu bouleversant et de caractère. Mettant ses accents sur le côté théâtral, le chant suit naturellement dans un son généreux et charismatique. Son interprétation de Rigoletto fait des sanglots paternels une gamme de texture vocale dont les phrases illustrent le désespoir de son personnage.
Au piano, Michele d’Elia accompagne les interprètes avec bienveillance et attention. Il interprète également le Preludio de l’opéra Les Brigands (I Masnadieri) d’où il extrait couleurs et phrasés.
C’est une soirée riche en émotions, tenue en haleine par les jeunes artistes du début à la fin, qui se conclut en guise de bis par le très célèbre ensemble "Libiamo!" de La Traviata : pour finir en tradition et en légèreté.