80 voix à l’Unisson à l’Opéra Comique
Il s'agit de la troisième édition de ce concert solidaire lancé par l’association UNiSSON, créée pendant la fermeture des salles de spectacle en mars 2020, afin de défendre les droits des artistes lyriques et de pallier les difficultés qu’ils ont pu rencontrer depuis l’annulation des concerts. L’an dernier, l’Opéra Comique accueillait soixante-cinq chanteurs, cette année, il en rassemble quatre-vingts, parmi lesquels des noms déjà connus du public et d’autres issus de la nouvelle génération d’artistes, dont certains font leurs premiers pas sur cette scène (avec même la présence de quelques étudiants en chant). Un projet ambitieux, doté d’un éclatant programme survolant les classiques (Verdi, Rossini, Mozart, etc.) et quelques perles rares (Asenjo Barbieri, Barber, Youmans, etc.).

Comme l’explique sur scène Philippe Do, Président fondateur du Fonds Unisson, l’idée phare de ce concert est celle de la transmission, celle des voix au public et celle des chanteurs expérimentés envers les plus jeunes, qu’ils accompagnent au sein des divers morceaux proposés, le tout dans un moment de chaleur et de convivialité. Le public est là lui aussi pour apporter aux artistes son soutien et son enthousiasme, saluant chaque air d’une large salve d’applaudissements, saluant avec le même entrain Selim Mazari, Cécile Restier et Emmanuel Olivier, les trois pianistes qui se succèdent pour accompagner les chanteurs.
Près de 80 chanteurs lyriques sur la scène de l@Opera_Comique pour ce 3e concert solidaire @UNiSSON_asso ! Un programme copieux et délicieusement varié, qq pépites et même la Chevauchée des Walkyries !!! Barbeyrac, Borras, Fuchs, Margaine, Devos, Courjal, Cavallier, Viotti pic.twitter.com/ts6TEOahPc
— Guillaume Giraudon (@Guiguiii94) 10 octobre 2021
Évidemment, réunir quatre-vingts voix pour un concert de deux heures est un immense projet. Les solos ne pouvant être de mise, les interprètes se succèdent, afin de permettre à tous les artistes d’apparaître au moins une fois sur scène, en duo, quatuor ou même en septuor (celui de La Veuve joyeuse interprété avec une légèreté cocasse ravissant le public, n’hésitant pas à rejoindre la musique en applaudissant en rythme). La Chevauchée des Walkyries réunit à elle seule huit chanteuses dans une interprétation pourvue de dynamisme et de vigueur.
Le concert s’ouvre, solennel, sur le quatuor "Ah! sia maledetto" de Don Carlo, où brille notamment Nadège Meden, par sa voix ample et prometteuse. S’ensuit, après le mot de bienvenue de Philippe Do, "O mon bel inconnu" de Reynaldo Hahn, un moment touchant qui enchante la salle grâce à la belle harmonie, emprunte d’une admirable délicatesse, des trois chanteuses, Laure Poissonnier, Gaëlle Mallada et Inés Lorans. Cette dernière revient en duo dans la Canción de Paloma d'El Barberillo de Lavapiés. Aux côtés de Stéphanie Guérin, elle déploie une voix pure et mesurée, toutes deux proposant une interprétation légère et pimpante.

Un autre duo mémorable est celui des deux jeunes mezzos Aurore Ugolin et Adriana Bignagni Lesca, qui profitent de la chanson Scandalize my name, qu’elles agrémentent avec humour et théâtralité, pour offrir au public ses premiers grands éclats de rire -en particulier après le triste quatuor "From the gutter" de Peter Grimes, interprété par ailleurs avec un impeccable brio où rayonne particulièrement la soprano Cyrielle Ndjiki Nya, qui impressionne par la puissance aisée de sa voix et la maîtrise qu’elle en a déjà. Elle revient plus tard dans La Gioconda de Ponchielli, aux côtés de Clémentine Margaine, pour un duo ardent où les deux voix se répondent avec autant de pugnacité et d’équilibre l’une l’autre.

Le public n’oubliera pas non plus la force de baryton de Yoann Dubruque, d’abord Comte Almaviva des Noces de Figaro et Comte toujours, De Luna cette-fois-ci, dans Le Trouvère. Lui aussi déploie une voix d’une ample puissance, dotée d’un timbre riche et profond qui sied sans faille aux deux rôles endossés. Le ténor Jérémie Schütz propose un Ismaele (Nabucco) et un Manrico (Le Trouvère) au timbre clair et assuré. Fabienne Conrad, dans une magnifique robe rouge, est une éclatante Lucia di Lammermoor, pourvue d’une projection aussi généreuse qu’élégante et capable d’une agréable souplesse.

Le grand finale est un chœur réunissant tous les chanteurs, mélanges des voix jeunes et matures, pour un ensemble de quatre-vingts artistes chantant tous ensemble le chœur des Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Wagner, "Wach auf !", issu de l’acte III. La salle vibre sous l’ampleur des multiples projections vocales, auxquelles répondent avec une égale vigueur les nouveaux applaudissements et bravi du public.
Wagner final! Merci chers artistes de tant de générosité et de gentillesse post concert! Mon masque anti-Covid a fini par prendre la forme de mon sourire/banane! Même @Guiguiii94 fut conquis de A à Z! @Opera_Comique @UNiSSON_asso @StandeBarbeyrac @juliefuchssop @JodieDevos pic.twitter.com/0XrpPKvz1N
— Kamel.B (@K_MelB12) 10 octobre 2021