Le Chœur de l’Opéra de Tours fête le retour avec légèreté et gaieté
Dès le premier air de la soirée, le Chœur de l’Opéra de Tours annonce la couleur de son programme : « Nous allons nous amuser comme des fous ! » chante-t-il, dans cet extrait de La Vie Parisienne de Jacques Offenbach (1819-1880). Le public peut d’ores et déjà apprécier ainsi les qualités de ce chœur, qui semble particulièrement apprécier le répertoire romantique, surtout s’il se montre léger, parfois proche de l’opérette. Les 27 artistes des chœurs, sous la direction attentive et souple de Sandrine Abello, possède une très agréable couleur homogène dans chaque pupitre, ce qui convient également aux airs extraits de Mireille ou du Faust de Charles Gounod (1818-1893). Si parfois une voix parmi les sopranos commence à ressortir un peu plus que les autres, Sandrine Abello sait réagir promptement pour retrouver l’homogénéité du chœur. Au contraire, les altos pourraient déployer un peu plus la chaleur de leur timbre et l’apport subtil de leurs parties qui, bien que souvent en soutien, donnent la touche de couleur qui sublime l’ensemble.
Malgré les distances entre chaque choriste et les masques, chacune et chacun se montre particulièrement attentif à l'ensemble. Les gestes précis et actifs de leur cheffe les aident particulièrement pour ce faire, et permettent ainsi de beaucoup apprécier la clarté de leurs textes, notamment dans les extraits de Carmen de Georges Bizet (1838-1875) ou d'Orphée aux Enfers d’Offenbach. Assurément, cette qualité augure au mieux pour les productions en préparation (Djamileh de Bizet en octobre et La Vie Parisienne en décembre).
De l'Olympe à la Terre
Le chœur se montre aussi capable de nuances variées, les pupitres masculins offrant par exemple des piani agréablement présents dans « Le chœur des soldats » extrait de Faust, et une certaine souplesse, notamment dans les airs extraits d'Orphée et Eurydice de Christoph Willibald Gluck (1714-1787). Malgré ces belles pages, les répertoires baroque et classique ne semblent toutefois pas être les favoris de ce chœur, un peu moins à l’aise dans les parties contrapuntiques des extraits d'Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau (1683-1764), malgré le soin de chaque pupitre porté aux entrées. Dans le très touchant air a cappella « La nuit » de ce même opéra, les sopranos ne réussissent pas à surmonter la difficulté -indéniable- de leur intervention, manquant d’assurance et d’ensemble. Sans aucun doute, outre l’éloignement de chaque chanteuse entre elles et l’absence d’accompagnement, le masque que garde même Sandrine Abello (dans un comportement exemplaire, rappelant combien le retour à la vie culturelle dépend des comportements de chacun) l'empêche de guider l'articulation et tout le soutien alors nécessaires.
Les introductions du pianiste Vincent Lansiaux pourraient également faire preuve de plus de souplesse, la poésie du jeu disparaissant dans la précipitation, mais il se montre très bon accompagnateur, attentif et équilibré. Avec Sandrine Abello, il forme un plaisant duo, offrant même au chœur quelques moments de repos en proposant au public deux œuvres pour quatre mains, les Souvenirs de Bayreuth de Gabriel Fauré (1845-1924) et André Messager (1853-1929) et La Milonga del Angel d’Astor Piazzolla (1921-1992), légères, gaies et comme une résonance aux couleurs chaudes de Mireille ou de Carmen.
Avant de partir, Sandrine Abello et le Chœur de l’Opéra de Tours proposent à leur public de partager leur plaisir de déguster à nouveau ces belles mélodies en chantant avec eux la Barcarolle des Contes d’Hoffmann d’Offenbach. Les tourangeaux sortent ravis de retrouver le chœur de leur opéra et attendent sans doute le plaisir prochain de le retrouver bientôt.