Premier Apér’Opéra de la saison post-confinement en Avignon
Les auditeurs retrouvent particulièrement enthousiastes le Conservatoire Grand Avignon et le rituel de ces concerts lyriques produits par l’Opéra. Toujours avec les mêmes mesures, dans les règles sanitaires, le petit amphithéâtre se remplit rapidement. Ce programme redémarre avec la soprano ukrainienne Iryna Kyshliaruk ainsi que la pianiste taïwanaise Yun-Ho Chen. Ces Apér’Opéras sont souvent l’occasion d’un programme libre, toutefois les artistes du jour ont voulus rassembler un panel de portraits mis en musique, créant un répertoire franco-italien notamment sur les femmes tragiques. La malheureuse Giulietta dans son air "Eccomi...Oh! quante volte" (Les Capulet et les Montaigu de Bellini), La mort d’Ophélie de Saint-Saëns, mais aussi la Tarantelle de Liszt au piano parmi d’autres croquis musicaux.
La soprano Iryna Kyshliaruk, diplômée du Conservatoire National Supérieur de Paris et lauréate de nombreux concours, apparaît avec professionnalisme dès son premier morceau. Se laissant un instant de concentration et de concertation avec la pianiste, elle s’imprègne ensuite des paroles rendant un jeu théâtral troublant et très convaincant. La lecture sur partition ne semble pas la gêner. Au contraire, elle exprime son interprétation avec une énergie communicative. L’aisance vocale est aussi présente. D’un timbre charnu et rond sur les médiums, les aigus sont frappants et résonnants. Les graves restent un peu discrets mais justes. La maîtrise de la voix est démontrée par des phrases colorées, des notes courtes mais précises et nuancées. L’exécution de la surprenante Élégie sur une seule voix de Rossini, dont la partie vocale à été écrite uniquement sur un Ut invite la chanteuse à accentuer encore davantage sa gestuelle afin de maintenir la richesse de son interprétation. L’investissement est également remarqué de la part de la pianiste Yun-Ho Chen qui soutient musicalement sa partenaire et l’accompagne jusqu’à sa moindre respiration. Le dynamisme côtoie d’émouvantes nuances, renversantes dans tous ses caractères
C’est ainsi une heure de chaleur musicale que les mélomanes avignonnais retrouvent avec plaisir.