The Best of the West End au Royal Albert Hall de Londres
Le "West End" (quartier de Londres) est le Broadway anglais, il est ici à l'honneur d'un gala au Royal Albert Hall (dans le quartier de South Kensington à quatre stations de métro) avec des extraits de comédie musicale mais aussi de chansons Disney (Aladdin, La Reine des neiges). Le spectacle sonore (voix et orchestres amplifiés) installe vite son atmosphère dansante sous un jeu de lumières particulièrement
travaillé et adapté à l’ambiance des chansons. Les artistes se succèdent et sont acclamés à chaque passage (en solos ou ensemble).
La distribution du soir est en effet prestigieuse, avec des artistes réputés dans le "musical", qui prouvent une fois de plus leurs talents. Sous la direction constamment précise du jeune chef d’orchestre Freddie Tapner, le London Musical Theatre Orchestra accompagne des harmonies brillantes. En soliste et maître de cérémonie, Ben Foster anime l’auditoire avec une ferveur énergique. Sa voix parlée comme chantée est entraînante mais contrôlée point par point.
D'un timbre caverneux, Ramin Karimloo joue d'énergie expressive, d’aspiration et de chuchotements pour renforcer le sens des morceaux. Son timbre juste et rond se dévoile dans les longues phrases finales. Mazz Murray appuie sa performance sur une présence pétillante et audacieuse. Le timbre chaud et plein s’affirme sur toute la tessiture et traduit la solidité vocale évidente. Sa carte maîtresse est "The Winner Takes It All" extrait de Mamma Mia dont elle interprète régulièrement le rôle de Donna Sheridan dans la version Broadway à Londres.
Layton Williams apporte son pep’s via l'interprétation confiante et rythmée d'une voix légère, distincte et pincée pouvant atteindre des aigus assurés. Lauren Samuels se montre également lumineuse ce soir par une présence et un charisme charmant. Souple dans le phrasé, elle est très à l’aise dans les aigus qu’elle se donne plaisir à laisser suspendus en fins de phrase, avec facilité. Voix lyrique de la soirée, la mezzo-soprano Friederike Krum se réserve un passage extrait du Fantôme de l'Opéra : "Wishing You Were Somehow Here Again". Dans une présence humble mais convaincante, la voix lyrique est malheureusement peu présente à travers l’amplification. Malgré un timbre mélodieux dans les médiums et en relief dans les graves, les aigus sont dissonants et chevrotants. Matthew Croke installe une douceur expressive et suave. Les lignes sont minutieusement soignées. Son duo "Only Us" extrait de "Dear Evan Hansen" avec Lauren Samuels est un transport de tendresse. Marisha Wallace s’avère brillante. Généreuse dans un jeu entraînant, elle se donne au maximum. Dotée d’une étendue vocale large et d’un timbre riche et rond, les notes s’enchaînent et sont fluides. Elle obtiendra une standing-ovation déchaînée pour sa version de Dreamgirls, "And I am Telling You".
Gagnant de l’émission anglaise X factor en décembre 2014, Ben Haenow présente une assurance convaincante. Son brin de voix léger et nasal impose cependant un côté linéaire à ses interventions. Enfin Ruthie Henshall fait entendre sa voix juste et légèrement voilée dans sa zone de confort. Les aigus sont plus périlleux à travers un son timbré mais souvent au-dessus de la tonalité demandée.
Pour soutenir et donner du relief aux morceaux, un petit chœur de six personnes (Danny Lane, Matthew McDonald, Harry Mills, Rebecca Ridout, Laura Tebbutt et Lizzie Wofford) assure le "backing vocal" propre et enjoué. Autre chœur plus nombreux et plus jeune mais tout aussi professionnel, les étudiants du MX Masterclass démontrent un investissement aussi autonome que juste.
Cette soirée est un triomphe pour les artistes, remerciés par de nombreux et chaleureux applaudissements, jusqu’à la standing ovation.