MécanOpéra Comique salle Favart
En plein après-midi, une assistance principalement composée d’enfants prend place et attend avec curiosité ce rendez-vous de la série "Mécanopéra", récitals commentés d’une heure, moment de partage et d’initiation autour de l’art lyrique. Le répertoire est donc riche, mélangeant les styles et les langues, dans une atmosphère conviviale. La séance est même participative : pendant tout le concert, invités ou volontaires, seuls ou en petits groupes, les enfants improvisent et suivent de petites mises en scène en rapport avec chacun des 10 airs au programme (avant de retourner s'asseoir et de revenir saluer à la fin du concert).
Le pianiste Franck Krawczyk s’improvise également maître de cérémonie, présentant chaque morceau avec minutie et humour, expliquant aux enfants les enjeux des pièces et leur faisant démonstration de certaines techniques. Accompagnant avec bienveillance et sûreté la partie de chant, les intentions musicales sont respectées et parfument le hall sonore du théâtre.
Qualifié par le pianiste de "ténor mozartien pur", le jeune Sahy Ratia, issu du Conservatoire National Supérieur de Paris et récemment révélation de l’ADAMI, se montre élancé et souriant dès le début du concert. N’hésitant pas à prendre des initiatives, il se veut proche de son public. En compagnie de ceux qui deviennent de petits partenaires de scène, le chanteur déploie une expressivité facile ainsi qu’une gestuelle distincte et sensée. Timbre léger et perçant, il s’imprègne de chaque mot et prend des libertés musicales en personnalisant sa version par des ralenti suspensifs et des pianissimi irréprochables. La musicalité suave autant que l’engagement vocal naturel et spontané sont appréciés, rehaussés d'une clarté sans failles. Cependant, quelques aigus sont nasaux et bruts dans les forte, notamment dans l’air de Tamino. À l’inverse, l’émouvant solo de Ferrando est chanté avec une tendresse bouleversante à travers une ligne vocale simple mais extrêmement fine et légèrement vibrante. Surprise du programme, il aborde avec engouement la déclaration d’amour phare de la célèbre comédie musicale West Side Story où il remplacera le nom de la bien-aimée Maria par celui d’une jeune auditrice : Milena. Faisant écho à l’œuvre actuellement à l’affiche dans la grande salle de la maison, il entonne même le triomphant air de bravoure "Ah ! quel plaisir d’être soldat" (rappelant également l’air de Tonio "Ah mes amis, quel jour de fête !" dans La Fille du régiment de Donizetti) où le dynamisme reste captivant.
C’est avec le sourire que le public remercie les artistes, ayant pour la plupart découvert le répertoire vocal lyrique.