Libres de chanter ! Don Giovanni pour tous à la Philharmonie de Paris
Les nombreux participants mêlant enfants et adultes sont réunis à la Cité de la Musique pour cette heure intitulée "Libres de chanter !". Le public est invité à participer, suite à des ateliers de préparation des morceaux quelques temps avant la représentation. Au programme, une version extrêmement réduite du Don Giovanni de Mozart ainsi que de quelques chants traditionnels écossais (afin de marquer de courtes pauses).

Quatre jeunes solistes lauréats de la Fondation Royaumont interprètent les premiers rôles. L’éternel séduc-tueur Don Giovanni échoie au baryton français Timothée Varon, qui affirme une allure professionnelle au fil du concert, notamment dans les ensembles complices avec son Leporello. De son timbre sonore et charismatique, avec de beaux graves, il remplit la salle. Son air "Deh vieni alla finestra" accompagné à la guitare, pose toutefois quelques notes engorgées dans les aigus et casse le phrasé. Manquant légèrement de souplesse, il reste cependant brave et imperturbable dans l’exécution du périlleux "Fin ch’han dal vino". S’associant à ce perfide personnage, le Leporello du baryton malgache Michael Rakotoarivony est investi dans son rôle. Il reste attentif à l’atmosphère et s’attache à donner vie aux situations. Le timbre généreux et prenant gagne de l’ampleur et de l’expressivité, presque théâtrale.
Jouant principalement l’espiègle Zerlina, puis Donna Anna en second plan lors d’un seul ensemble, la soprano française Marlène Assayag se présente coquette, le timbre fin et homogène concordant avec de séduisants aigus. Cependant, le phrasé semble haché et se perd lors des longues phrases. Le baryton-basse français Maxime Saïu endosse le rôle de Masetto ainsi que du Commandeur. La présence scénique est aussi affirmée que la voix reste effacée et étouffée par l’orchestre. Manquant d’harmonies graves, ses médiums sont néanmoins chaleureux.
Le ténor italien Riccardo Romeo intervient rapidement en Don Ottavio puis revient en compagnie de sa collègue Marlène Assayag pour un charmant duo de chant écossais. Timbre léger et vibrant, les phrases musicales sont justement fines et homogènes. Enfin, très brève apparition de la soprano française Valentine Martinez, interprétant la désespérée Donna Elvira, qui ne chantera que lors de l’ensemble "Venite pur avanti". Cependant, elle marque son chant par des aigus résonnants et un timbre plein.
Encadrant les solistes, les chœurs élèvent massivement le dynamisme du concert. Intervenant principalement sur les chants écossais mais aussi tous en chœur avec les solistes sur quelques phrases de l’opéra, les enfants du Conservatoire de Gennevilliers, divisés de chaque côté du premier balcon, restent présents et assurent leurs parties avec dynamisme. Leur cheffe de chœur Lucie Larnicol n’hésite pas à s’associer avec le chef d’orchestre, afin d’aiguiller les jeunes voix de plus près. Le chœur du public, situé sur le parterre latéral est également entraîné par la cheffe Lucie Larnicol, en une présence vocale constante et agréable.

Dirigés par Douglas Boyd à la battue efficace, les deux orchestres (l’Orchestre de chambre de Paris et l’Orchestre des Jeunes Démos-Dispositif d'éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) mélangent professionnels et jeunes apprentis de la musique, en marchant à l'unisson. Le rendu sonore est virtuose, impeccable et animé. La richesse de l'effectif n'ôte rien à la grande convivialité du moment partagé et au message, l’art lyrique et la musique restant toujours accessibles par et pour tous.