L'Auditorium de Radio France ouvre sa nouvelle saison en Berlioz et en fanfare
Rayonnante dans une robe rouge remarquée, Marie-Nicole Lemieux chante visiblement comme elle rit : de tout son cœur, et à pleine gorge. Conteuse enchanteresse, elle incarne les six poésies de Théophile Gautier choisies pour Les Nuits d’été avec une présence et un engagement émotionnel et physique, aussi constants chez elle que rares ailleurs. Si parfois la projection des consonnes est un peu faible, son interprétation est si habitée que les mots prennent un autre sens, expressif. Sa voix, aussi moelleuse et charnue qu'un gâteau sortant du four, au timbre chaleureux et surtout très libre, lui offre des possibilités multiples qu'elle utilise à plein escient. Telle une peintre munie d'une palette richissime, elle colore chaque mot, chaque phrase d'une émotion différente. En choisissant de chanter à nouveau Le Cimetière en bis, elle prouve qu'elle est même capable d'interpréter deux fois de suite la même mélodie en recréant toujours la surprise, trouvant encore de nouvelles touches subtiles à ajouter à sa toile. Malheureusement un peu trop généreuse, la salle très en hauteur la pousse à lever la tête vers le public des balcons, gênant ainsi son émission tandis qu'une légère tendance à grossir la voix peut parfois être répétitive.
Malicieuse et paraissant aussi humble que sincère, ovationnée par un public sous le charme, la chanteuse respire le bonheur d'offrir la meilleure prestation possible. Une qualité qu’elle partage avec le cor anglais, trouvant à chaque fois un son magnifié et une ligne musicale riche.
Pour l'accompagner, en formation légèrement réduite, l'orchestre et le chef, très attentifs trouvent une couleur particulièrement intime pour offrir un écrin précieux à sa voix. La direction dans Le Carnaval romain et La Symphonie fantastique reste très assurée, mais droite et sans risque ni folie, au point d’une certaine froideur dans certaines harmonies. Les bois ressortent cependant brillants à souhait, les cuivres chatoyants et relevés, les percussions et les timbales foudroyantes, mais avec des liaisons effacées à l'intérieur et entre les mouvements.