Le dimanche à Vichy, la jeunesse prend le pouvoir
C'est le cas de la soprano sud-coréenne Hyeyoug Kim. En marge de la saison estivale de l'Opéra de Vichy (qui a donné lieu à de réjouissants Pêcheurs de Perles), la jeune artiste répond à l'invitation du Directeur de la maison vichyssoise, Martin Kubich, pour livrer un savoureux récital. Lequel ne se déroule pas sur la scène de l'Opéra lui-même, mais juste à côté, dans les parcs de Vichy, dans l'un de ces kiosques à musique qui font le charme de la ville thermale. Une ville que Hyeyoug Kim connaît bien : elle y a étudié durant un an, entre 2017 et 2018, se produisant notamment lors d'un concert de Noël du conservatoire local, où elle avait été chaudement applaudie dans le Gloria de Poulenc.
De Norina à Juliette en passant par Gilda
Aujourd'hui élève au Conservatoire national supérieur de Lyon, la soprano vient donc en terrain conquis à Vichy pour y donner un récital convoquant ces compositeurs qu'elle affectionne tout particulièrement, de Donizetti à Gounod en passant par Offenbach. Et l'artiste ne se prive pas de faire la démonstration de son aisance vocale, en projetant sans mal (certes aidée par quelques micros) un timbre empli de chaudes couleurs. Son interprétation de l'air de Norina, « Quel guardo il cavaliere », issu du Don Pasquale de Donizetti, est notamment ravissante. Dans ce « tube » du bel canto, la soprano se laisse aller à des aigus plein de fougue (quitte parfois à rendre la justesse chancelante) qui sont les cimes d'une ligne vocale ample et aux intonations lustrées.
Accompagnée de Megumi Satou au piano, Hyeyoug Kim sait aussi jouer la carte de la sensibilité, comme dans le grand air de Gilda, « Gualtier Maldè » (Rigoletto, Verdi) en l'espèce servi par une voix brillante et ample, épanouie dans tous les registres quoique logiquement plus à l'aise dans les parties les plus hautes de la partition. Quant à l'art de la vocalise, la jeune cantatrice le maîtrise déjà avec un certain talent doublé d'une forme audace. Et elle ne se prive pas de le démontrer, comme dans le fameux air de Juliette (Roméo et Juliette, Gounod) où, à l'appui d'un vibrato soyeux, elle clame haut et fort son envie de vivre devant un public conquis.
De quoi conclure ce récital par de chaleureux applaudissements, donc, qui sonnent comme une invitation à rapidement revoir cette jeune soprano, et pourquoi pas sur scène, cette fois-ci.