Chœurs féminins de Brahms en la Chapelle de la Trinité à Lyon
Tandis que les hommes des Chœurs de l’Opéra de Lyon participent en ce moment à la production de l’opus signé Leoš Janáček, De la maison des morts, leurs comparses investissent la Chapelle de la Trinité, toute proche. Les œuvres composées pour chœur féminin n’étant pas fréquemment programmées, la soirée est annoncée comme un événement rare et précieux.
Le programme est construit autour d’œuvres de Brahms : trois des 13 Canons op.113, trois des 12 Lieder op.44 et ses Vier Gesänge op.17. Elles sont introduites avec une grande fluidité par les harmonies riches, subtiles, et les textes poétiquement romantiques des Two Eastern Pictures ainsi que des quatre Choral Hymns from the Rig Veda de Gustav Holst (1874-1934). L’Ave verum corpus de Francis Poulenc (1899-1963) et l'intéressante découverte des cinq poèmes Wenn sich die Welt auftut (Quand le monde s’ouvre) d’Einojuhani Rautavaara (1928-2016) font office d'interludes.
Lors de la première partie du concert, Sophie Bellanger (harpiste de l’Opéra national de Lyon), accompagne les dix-sept choristes, dont le soin porté à l’homogénéité est immédiatement apprécié. Le diapason de la harpe est toutefois plus bas que celui du chœur et l’accord ne s’accomplit pas, bien que les interprètes et les lignes musicales soient rapprochées dans cette Chapelle de la Trinité qui ne résonne pas exagérément. La justesse demeure également délicate pour l’Hymn to the Waters de Holst. Néanmoins, les harmonies subtiles de ces œuvres chorales sont colorées et nuancées avec raffinement, particulièrement appréciables dans les Vier Gasänge de Brahms. Ces qualités se retrouvent dans l’élégante direction de Dani Juris : elle se montre droite, attentive et sûre quant à la gestion des tempi, par des gestes toujours très sereins et précis. Ce travail de précision s’apprécie surtout dans les respirations communes et le soin de la prononciation anglaise comme allemande (l’écriture chorale de Brahms renforçant encore davantage l’expressivité de ces textes).
En intermède, la harpiste et le cor solo de l’Opéra national de Lyon, Jimmy Charitas, interprètent le Nocturno op.7 de Franz Strauss (1822-1905). Les timbres très différents des deux instruments se complètent, le cor remplissant tout l’espace de la Chapelle et les douces attaques de la harpe créant le mouvement, tout en aidant agréablement au phrasé. Cela étant, les phrases du corniste pourraient se terminer davantage en douceur et continuité, afin de passer la parole mélodique à sa collègue. Le corniste Thierry Cassard se joint à eux pour accompagner le chœur de femmes sur les Vier Gesänge (Quatre chansons) de Brahms, aux harmonies, joliment nuancées.
Le public se montre tout à fait charmé, saluant chaleureusement l'ensemble et leur chef au large sourire.