Pour son septième opéra, Dusapin s'est attaqué à Penthésilée, reine des amazones éponyme de la pièce du romantique allemand Heinrich von Kleist. En pleine guerre de Troie, Penthésilée tombe amoureuse d'Achille. Alors que celle-ci ne peut aimer un homme que si elle l'a vaincu au combat, elle est amenée à combattre le héros grec. Prise en étau entre le devoir -la loi des Amazones- et son amour, Penthésilée tue et dévore Achille avec l'aide de ses chiens, prise d'une folie bestiale. Revenue à la raison, Penthésilée, horrifiée par son geste, se donne la mort. Le mythe effrayant et cannibal est revisité et relève des questionnements profondément contemporains.

Marisol Montalvo (Prothoé) et Natascha Petrinsky (Penthésilée) © Forster - La Monnaie / De Munt

De cette rencontre entre la musique organique de Dusapin et le drame sombre de Heinrich von Kleist -dans la mythologie Achille tombe amoureux de Penthésilée lorsqu'il la tue sur le champ de bataille-, naît un opéra animal qui écorche la peau de ses interprètes, une plongée dans les viscères et l'âme humaine. Pierre Audi, qui avait déjà monté Passion en 2009, reprend la mise en scène confiée initialement à Katie Mitchell et déploie une palette de noirs propre à brosser la profondeur de ce drame humain. Pour la scénographie, l'artiste gantoise Berlinde De Bruyckere s'inspire de l'atmosphère des abattoirs, notamment celui d'Anderlecht qui la profondément marquée. Cinq immenses installations apparaissent ainsi tour à tour sur la scène en alternance avec des vidéos réalisées par l'artiste flamande Mirjam Devriendt sur le tannage de peaux de chevaux.

Univers sonore qui s'enclenche d'emblée, sans ouverture, avec quelques notes libérées par une harpe, Penthesilea constitue une métaphore du monde qui nous entoure. Il questionne notre attachement à la loi, à la subordination. Pour cet opéra sur la douleur où le jeu d'acteur est très physique, Dusapin a choisi la mezzo-soprano autrichienne Natascha Petrinsky pour incarner le difficile rôle de Penthésilée.

Penthesilea, du 26 septembre au 1er octobre à l'Opéra national du Rhin.

Commande du Théâtre royal de la Monnaie / De Munt en collaboration avec l’OnR Coproduction avec le Théâtre royal de la Monnaie / De Munt Bruxelles (à Bruxelles le 31 mars 2015)

Opéra en 1 prologue, 11 scènes et 1 épilogue de Pascal Dusapin
Livret de Pascal Dusapin et Beate Haeckl d’après la pièce de Heinrich von Kleist

Direction musicale Franck Ollu
Mise en scène Pierre Audi
Décors Berlinde De Bruyckere
Costumes Wojciech Dziedzic
Lumières Jean Kalman
Vidéo Mirjam Devriendt
Mouvements Marie Martinez
Dispositif électro-acoustique Thierry Coduys

Penthésilée Natascha Petrinsky
Prothoé Marisol Montalvo
Achille Georg Nigl
Odysseus Werner Van Mechelen
La Grande Prêtresse Eve-Maud Hubeaux
Chœurs de l’Opéra national du Rhin
Direction Sandrine Abello
Orchestre philharmonique de Strasbourg

Rencontre avec Pascal Dusapin et Franck Ollu
Vendredi 25 septembre à 18h30 au Grenier d'Abondance, 19 pl. Broglie, Strasbourg
Entrée libre.

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(Cover : © Forster - La Monnaie / De Munt)