Mozart et Messiaen au Festival de Saint-Denis
Pour cette nouvelle édition, le Festival de Saint-Denis propose des concerts mêlant œuvres du répertoire classique et compositions plus contemporaines. Après un concert Bach - Berio, l’Orchestre, le Chœur et la Maîtrise de Radio France, placés sous la direction de Sofi Jeannin, proposent un programme Mozart - Messiaen.
Mozart / Messiaen au Festival de Saint-Denis (© FSD / Ch. Fillieule)
L'inscription du Festival de Saint-Denis sur le territoire est distinctive : la magnifique Basilique du 12ème siècle est située au centre d’une ville populaire. L’association des habitants assure bénévolement l’accueil et le placement. Les actions de médiation offrent aux jeunes des classes primaires, collèges, lycées et conservatoires une préparation et une sensibilisation avant leur venue au concert.
Le programme s’ouvre avec les Vêpres solennelles d'un confesseur de Mozart, faisant la part belle aux voix, tout en variété et équilibre des parties chorales et solistes : Kareen Durand (soprano), Elodie Salmon (contralto), David Lefort (ténor) et Grégoire Guérin (basse). La prépondérance des tempi vifs permet au Chœur de Radio France d’exprimer son ardeur et sa vaillance, tandis que les solistes aux voix bien timbrées et homogènes manquent parfois de puissance dans l’acoustique particulière de l'immense Basilique.
Le célèbre Laudate dominum pour soprano solo, vient rompre cet enchaînement de mouvements rapides. La soliste Kareen Durand déploie un beau phrasé, souple et délicat : les débuts de sons mettent en évidence l’aspect angélique du morceau. Elle est soutenue par le bercement des cordes de l’orchestre auquel le chœur se joint subtilement dans un chant très doux.
Dans la Symphonie concertante de Mozart, les voix violonistiques de Renaud Capuçon et de son complice Adrien La Marca à l’alto chantent et dialoguent avec l’orchestre dans une telle expressivité et intensité que ce dernier aura même quelque peine à se mettre au diapason.
Les Trois Petites Liturgies de Messiaen qui achèvent le concert furent créées à Paris en 1945. Elles expriment la foi du compositeur en Dieu, présent en toutes choses et toutes choses en lui-même. Messiaen dépeint sa partition comme une musique de couleurs : en plus du chœur d’enfants et de l’orchestre de cordes, un célesta, des ondes Martenot, un vibraphone, un piano percussif et de nombreuses percussions composent autant de couleurs de timbres, avec celles des modes musicaux (gammes de sons).
Sofi Jeannin (© FSD / Ch. Fillieule)
La direction précise et tonique de Sofi Jeannin sait captiver le public placé face au grand vitrail de la Basilique, que les derniers rayons du soleil finissent d’éclairer.
Messiaen adorait entendre ses Trois Petites Liturgies par la Maîtrise de Radio France. Ce soir encore, son témoignage résonne de vérité : « ces jeunes filles ont une pureté de son et une musicalité inégalables : c’est un enchantement de jeunesse et de joie ».