Dix grands psychopathes à l’opéra (7/10) - Otello
Otello : jusqu’où mène la haine
Seng-Hyoun Ko (Iago) et Vladimir Galouzine (Otello) à l'Opéra de Marseille en 2013 © Christian Dresse
Le 5 février 1887, à la Scala de Milan, Giuseppe Verdi présente son nouvel opéra, qui sera aussi son avant-dernier : Otello. Sur un livret d’Arrigo Boito inspiré de la pièce de William Shakespeare, Othello ou la Maure de Venise, cette œuvre met l’accent sur les dégâts que peuvent engendrer la naïveté et la jalousie d’un homme à la fois puissant et marionnette d’un esprit malsain.
L’action prend place à Chypre où le Maure Otello vient de débarquer pour rejoindre son épouse bien-aimée, après une guerre contre les Sarrasins. Alors qu’il pense retrouver paix et sérénité, il est loin de se douter que son traître de lieutenant, Iago, est prêt à tous les stratagèmes pour le détruire. Pour commencer, il déclenche une bagarre qui tourne à l’émeute et accuse le lieutenant Cassio qui se fait rétrograder par un Otello furieux. Puis, aussi perfide que mielleux, il sous-entend à Otello que son épouse le trompe avec Cassio, immisçant ainsi la jalousie dans le cœur du guerrier.
Alors quand sa belle, sans mauvaise intention, commence à prendre la défense de Cassio, s’en est trop pour Otello qui promet de se venger de cet affront, pour le plus grand plaisir du fourbe Iago qui se frotte déjà les mains. Le Maure s’en va d’abord trouver son épouse qu’il insulte puis violente sur la place publique. Mais ce châtiment n’est pas suffisant pour le nuisible Iago qui souffle à son maître l’idée d’une punition plus symbolique et ultime : exécuter la présumée coupable sur le lit où elle a pêché. Résolu à cette idée, Otello va jusqu’à nommer Iago capitaine. Malheureusement, il découvre trop tard la cruelle manipulation dont il est victime. Il étouffe de ses mains son innocente épouse avant de retourner son épée contre lui en apprenant l’horrible vérité. Le vice de Iago aura donc triomphé mais le sadique personnage, lui, est contraint de fuir, ses desseins ayant été mis à jour.
Lors de la première représentation d’Otello à la Scala, Verdi a reçu une ovation et de nombreux rappels de la part du public et des critiques qui ont salué la qualité de son génie, la puissance dramatique et l’instrumentation profonde. Pour manifester leur enthousiasme, les spectateurs n’ont pas hésité à lancer chapeaux et mouchoirs en proclamant à tue-tête « Viva Verdi ! ».
Ecoutez Željko Lučić chanter le « Credo » de Iago, au Metropolitan Opera, en 2015 et 2016.
(cover : Jean-Pierre Furlan et Ludivine Gombert dans Otello, Opéra de Massy, 2015 © Opéra de Massy / David Kirschner)Découvrir d'autres psychopathes :
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