Une mort trop petite pour eux (9/10)
Anton Webern (1883-1945)
Né à Vienne en 1883, Anton Friedrich Wilhelm von Webern baigne depuis tout petit dans la musique. Il étudie le piano, le violoncelle ainsi que la théorie musicale auprès d'Edwin Komauer. En 1902, il entre à l'Université de Vienne, y poursuit des études de philosophies et de musicologie et est attiré par la musique ancienne. Entre 1904 et 1908, il est l'un des premiers à suivre l'enseignement d'Arnold Schönberg. En classe, il fait la connaissance d'Alban Berg, se lie d'amitié avec lui et forme avec lui et Schönberg la «seconde école de Vienne».
De 1915 à 1917, Webern officie dans l'armée autrichienne. Réformé en raison de sa vue déficiente, Webern entame la composition d'un nombre important de pièces vocales et se tourne vers le dodécaphonisme. Trois ans plus tard, Universal édite ses œuvres et à partir de 1926, celles-ci sont au programme de la Société International de musique contemporaine. Au même moment, il travaille comme chef d'orchestre à Teplice, Dantzig, à Prague puis à Vienne. Il promeut la musique moderne aux côtés de Schönberg et dirige des concerts symphoniques destinés aux classes populaires. La montée du nazisme et l'Anschluss en 1938 le condamne à travailler chez ses éditeurs, Universal Edition, lui qui est désormais qualifié par le régime d'artiste dégénéré. Malgré cela, Webern est sympatisant nazi. En 1935, alors qu'il enseigne dans le privé à Mödling, la disparition de son ami Alban Berg le plonge dans une tristesse des plus profondes. Schönberg est mort deux ans plus tôt, Webern est seul et vit dans une grande précarité.
En 1945, la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin. Vienne est dévastée mais les alliés sont là. En février, son fils Peter, engagé dans l'armée du Reich décède dans un bombardement à Zagreb en Croatie. Encore sous le choc, Webern et sa femme fuient l'armée soviétique et se rendent à Mittersill, dans le Tyrol autrichien. Là, plusieurs versions coexistent. Le 15 septembre, oubliant le couvre-feu, Webern sort sur la terrasse se détendre et fumer le cigare. C'est alors qu'une sentinelle américaine ivre ouvre le feu par mégarde. La balle blesse grièvement le compositeur. Webern ne s'en relèvera pas. Seulement, une autre version lève le voile sur une réalité bien plus sombre. Webern essayant de protéger la fuite de ses gendres nazis se serait pris une balle, volontaire, en tentant de faire diversion.
En savoir plus
Gert Jonke : La Mort d'Anton Webern, Editions Verdier.
Site internet de l'Ircam
Ecouter les Quatre Lieder pour voix et piano, op.12 de Webern
Interprétés par Christiane Oelze (voix) et Eric Schneider (piano)
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