La Francesina, française muse de Händel
Georg Friedrich Händel déploie ses talents sur le continent britannique dès la deuxième décennie du XVIIIe siècle en fondant la Royal Academy of Music, mais cette compagnie d'opéra subit une rude concurrence. Le fait que la chanteuse Élisabeth Duparc surnommée "La Francesina" (la petite française) quitte la compagnie rivale -Opera of the Nobility- pour rejoindre Händel est donc un événement très important, d'autant qu'elle devient une muse pour le compositeur qui lui offre des airs parmi les plus beaux de sa plume.
Tel est le programme et le contexte dans lequel plongent Sophie Junker et le Concert de l’Hostel Dieu de Franck-Emmanuel Comte avec cet album. Sophie Junker incarne La Francesina par son grand soin du texte et de l'expressivité sans effet démonstratif. Les vocalises sont évidemment agiles mais nettes (contrôlées au point de parfois paraître hésiter), faisant avant tout ressortir un caractère empreint d'espièglerie. Le timbre lumineux et souriant se fait touchant dans l’Ode à Sainte Cécile pour répondre avec sensibilité au charmant violoncelle d'Aude Walker-Viry. Les lignes vocales sont souples et soutenues, néanmoins les plus longues phrases (indéniablement conduites), sollicitent les limites du souffle, trahi par quelques grandes respirations : preuve aussi de la proximité et de la définition de l'enregistrement.
Le Concert de l’Hostel Dieu, dirigé par Franck-Emmanuel Comte au clavecin déploie une énergie équilibrée et nuancée, toujours avec finesse. Les mélodies sont soutenues avec souplesse et parfois même une certaine malice qui répond à celle de la chanteuse.
L’enregistrement ne se termine ni par un air de bravoure, ni par un grand air de lamentation amenant la fin en morendo, laissant peut-être ainsi à l’auditeur l’envie de reprendre une nouvelle fois l’écoute de cet hommage rempli de fraîcheur et de finesse à cette figure, peut-être pas flamboyante mais non moins charmante qu’était La Francesina.
