Concert caritatif 7ème art pour France AVC à l’Institut National des Jeunes Aveugles
Le grand orgue qui occupe une largeur de cette belle salle-chapelle de bois et de marbre ouvre la soirée par la fameuse Toccata de Bach, dont la renommée a été renforcée et maintenue par le cinéma (Le Fantôme de l'opéra puis tant d'autres tels que Pirate des Caraïbes). Justement, la soirée enchaînera des chefs-d'œuvre musicaux en indiquant quelques films les ayant utilisés (dans cet esprit, vous pouvez retrouver notre dossier consacré à l'Opéra au cinéma).
Le public prend ainsi un plaisir visible et contagieux à échanger des souvenirs cinématographiques, en essayant de se rappeler à quel film voire même à quelle scène sont associés les différents morceaux proposés. L'occasion de confirmer combien la musique au cinéma peut n'être qu'un accompagnement purement anecdotique ou bien un véritable protagoniste : Gnossienne de Satie, Valse de Chopin (dans La Boom 2), Méditation de Thaïs (Massenet embarqué sur le -film- Titanic), Sonate au Clair de lune de Beethoven et Clair de Lune de Debussy.
Le Trio de Schubert irriguant Barry Lyndon du mélomane éternel Stanley Kubrick ou Trop belle pour toi de Bertrand Blier (citant les compositeurs à l'écran) est défendu par le violoniste Théotime Langlois de Swarte (que nous avions notamment apprécié avec le nouvel Ensemble Jupiter), la violoncelliste Hanna Salzenstein et Flore Merlin au piano - toute la délicatesse de la jeunesse, la précision des diplômés même dans leurs élans.
Les deux artistes lyriques de la soirée démultiplient le défi et les difficultés qu'ils s'imposent. L'accompagnement est celui d'un piano à queue Bösendorfer (riche en graves) a fortiori dont le couvercle est maintenu ouvert et dans cette acoustique résonante.
Daniele Nutarelli, maître de conférence et spécialiste de la "Dynamique et performances du laser à électrons libres de super-aco avec une cavite rf harmonique à 500 mhz" invoque sa connaissance des ondes physiques pour chanter ténor. Una furtiva lagrima (L'Élixir d'amour de Donizetti) coule -comme une larme- avec un médium à la fois pincé et placé sur l'assise vocale.
La Danza de Rossini accompagné par le preste pianiste Matteo Carminati voit la musique et les paroles défiler à toute allure (une Tarentelle rythmant une mémorable scène de réparation automobile par Louis de Funès dans Le Corniaud) :
Lauriane Vidal chante la vocalise bouche ouverte puis bouche fermée sur Bachianas brasileiras d'Heitor Villa-Lobos. Le ténor et la soprano se réunissent pour La Traviata de Verdi dont ils enchaînent même sans interruption deux duos éprouvants ("Un di felice eterea" et "Parigi o cara") alors que les interprètes de l'œuvre en version scénique intégrale disposent de longs moments de répit. Lauriane Vidal gratifie le public (avant et après ces deux duos) par deux changements de robe et (pendant) d'une fleur rouge dans le décolleté, celle que Traviata offre à ses amants.
Cette rencontre festive est surtout l'occasion de saluer le travail des bénévoles de l'association. Un Professeur de médecine prend également la parole pour rappeler une recommandation principale : ne jamais hésiter ni attendre et appeler immédiatement le 15, même de nuit, même si le trouble est transitoire. Le moindre symptôme (paralysie, difficulté à s'exprimer ou se faire comprendre, trouble du langage, confusion, arythmie notamment) doit être traité dès que possible.