Rares sont finalement les incidents scéniques de nature à perturber une représentation, voire à la remettre en cause. Pourtant, et après dix premières représentations de la production de Platée par Laurent Pelly (lire notre compte-rendu de la première), la dernière semblait être placée sous le signe de la malchance. En effet, quelques heures à peine avant cette représentation, les abonnés recevaient une nouvelle pour le moins incongrue : une défaillance technique affectant les changements de décor contraignait l’Opéra à changer le format du spectacle pour en offrir une version semi-scénique, solistes et choristes conservant toutefois leurs costumes de scène.

Platée conserve son plateau

Étrangement, et à la grande surprise du public, il n’en est pourtant rien dès le début du spectacle puisque l’imposant décor signé Chantal Thomas, représentant les gradins d’une salle de spectacle en miroir de la salle du Palais Garnier, laisse augurer d’un doute sur le bien fondé de l’annonce faite préalablement par l’institution, réitérée en salle juste avant le lever de rideau. De toute évidence, il ne s’agit ni d’une version de concert, ni même d’un repositionnement semi-scénique. Au fur et à mesure du déroulé de cette ultime représentation, celle-ci n’a, semble-t-il, guère pâti des difficultés techniques qui auraient pu en bouleverser la tenue. Chanteurs solistes, chœur, danseurs, chacun semble à sa place : aucun artiste présent en scène ne semble gêné, ni dans ses mouvements, ni dans l’exécution ou l’interprétation de sa partie, par les contraintes techniques de cette soirée. Ou, pour le moins, rien ne permet de percevoir les conséquences de ces problèmes sur le déroulement du spectacle, l’agencement de son plateau et l’organisation des effets de scène. Le public ovationne les qualités dynamiques et expressives de la mise en scène de Laurent Pelly heureusement sortie indemne de ces mésaventures en coulisse d’un soir qui n’ont en rien gâché du caractère festif et joyeux de cette dernière de Platée.