De la folie, donc. C’est sous ce signe que le Clermont Auvergne Opéra place sa nouvelle saison. Trois opus lyriques avec chacun leurs airs incontournables constitueront le noyau dur de ce nouveau millésime. Cosi fan tutte d’abord, en octobre, dans une version d'Opéra Eclaté mise en scène par Éric Perez, avec le chef Gaspard Brécourt en fosse. Julie Goussot sera Fiordiligi et Dorabella reviendra à Ania Wozniak, elle qui s’était déjà illustrée ici même il y a trois ans, obtenant le rôle de Lola (notre compte-rendu du diptyque Cav-Pag) lors du Concours international de chant. Lauréat de ce même concours, Jean Miannay sera Ferrando, le casting étant complété par Marielou Jacquard (Despina), Antoine Foulon (Don Alfonso) et Mikhael Piccone (Guglielmo).

En janvier, place à La Traviata coproduite avec l'Opéra de Reims et Opéra Nomade. Erminie Blondel, récente Comtesse des Noces de Figaro ici même, sera Violetta, et Matthieu Justine son Alfredo, le rôle de Germont étant confié au robuste baryton de Leonardo Galeazzi, aux côtés d'Ahlima Mhamdi (Flora), Jiwon Song (Douphol), Federico Benetti (d’Aubigny). La mise en scène sera assurée par le directeur de l'opéra clermontois, Pierre Thirion-Vallet, et la direction musicale par Amaury du Closel.

Enfin, en mars, est annoncé Turandot de Puccini produit par la compagnie Opéra 2001 (mise en scène Matteo Peirone et Gualtiero Ristori), pour deux dates de suite avec, en alternance : Chrystelle di Marco (Santuzza dans la production de Cav-Pag précitée) ou Mélanie Moussay dans le rôle-titre, David Baños / Eduardo Sandoval en Calaf, Yeonjoo Park / Gabrielle Philiponet (Liù), Ivaylo Dzhurov / Giorgi Kirov (Timur) sous la baguette de Martin Mázik.

Œuvre rare, L'isola disabitata de Haydn qui était cette saison représentée à l'Opéra de Dijon, viendra compléter cette programmation de rendez-vous lyriques en version concertante. Cette production du Clermont Auvergne Opéra fera à nouveau appel à Ania Wozniak, en Costanza, Florian Bisbrouck endossant le rôle d’Enrico, Inès Berlet et Benoît Rameau incarnant Silvia et Gernando, le tout sous la direction musicale au piano de Philippe Cassard. A noter aussi La petite Flûte enchantée revisitée et raccourcie (sur une heure de temps) par Opéra Nomade et Marine Garcia-Garnier, avec Thomas Monnot en Papageno, Corentin Backès (Tamino/Zarastro), mais aussi Yoanna Marilleaud en Dame Lampion et la jeune Zoé Gosset sous les triples traits de Pamina, Papagena, et de Reine de la Nuit (accompagnés par l'Orchestre Les Métamorphoses dirigé par Blanche Stromboni).

Cette saison lyrique au pied des volcans d’Auvergne sera aussi ponctuée de concerts de prestige. Comme celui qui, en novembre, verra se produire trois des lauréats de l’édition 2021 du Concours international de chant. La soprano Julia Muzychenko (hypnotisante Sonnambula ici-même et en Avignon en début d’année), la mezzo Beatriz Baptista et l’imposante basse Alexey Birkus interpréteront un florilège d’airs et mélodies signées Bellini, Rossini et Donizetti, et ce après avoir été coachés par Susan Manoff. En décembre, Karine Deshayes sera la tête d’affiche (avec Caroline Mutel, Raffaele Pe et Les Nouveaux Caractères de Sébastien d'Hérin) d’Il trionfo del tempo e del disinganno (“Le Triomphe du Temps et de la Désillusion”), fameux oratorio de Haendel, donné au concert. 

En février, Sandrine Piau sera l’invitée vedette d’un récital consacré aux Lieder de Schubert. Dans un concert “Alla Napoletana” de Christina Pluhar et son Ensemble L'Arpeggiata, la soprano Céline Scheen et le contralto Vincenzo Capezzuto feront vivre un programme de mélodies napolitaines.

Enfin, d’autres temps forts de cette saison seront d’abord les “After du Bon pasteur”, concerts de fin de journée organisés dans une chapelle du vieux Clermont. Deux rendez-vous sont annoncés : l’un avec la soprano franco-libanaise Yara Kasti qui, accompagnée au piano par Ivan Foucher, interprétera des airs empreints d’exotisme issus des œuvres de Ravel, Saint-Saëns, Massenet, ou encore du compositeur libanais Najib Hankash. Aux côtés de Philippe Marty, Erminie Blondel sera elle de retour à Clermont-Ferrand en mars pour un “after” autour de mélodies et airs d’opéras de Puccini, Gounod, Strauss, ou encore Tchaïkovski.

Sont également à relever trois spectacles musicaux : Sur les pas de Leonard de Vinci, de et par la soprano Estelle Andrea, mis en scène par William Mesguich, par ailleurs un Music Hall burlesque sera bâti autour de chansons de Mistinguett, Trénet et même Sim et Jean Yanne (promettant quelques moments de franche rigolade), enfin, Les Aventures du Baron de Münchhausen viendront à Clermont en boulet de canon (notre présentation de ce spectacle de Patrice Thibaud), une comédie lyrique baroque avec des musiques de Rameau et Campra, portée par Le Concert Spirituel d'Hervé Niquet.

Outre le fameux week-end Tous à l'Opéra, qui attire toujours plus de monde, mais aussi les éliminatoires d'une nouvelle édition du Concours Voix nouvelles, organisés pour la première fois à Clermont en novembre, la saison sera également enrichie de retransmissions d’opéras au cinéma : Les Capulet et les Montaigu depuis l’Opéra de Paris, mais aussi La Vie parisienne donnée au Théâtre des Champs-Elysées. La saison se terminera avec une initiative à saluer. Celle-ci verra des personnes en situation de handicap monter sur scène pour prendre part à une comédie musicale annoncée comme joyeuse, rythmée... et emplie de folie assurément.