Opéra Comique : le programme 2017
Depuis près de 10 ans, l’Opéra Comique effectue plusieurs mois de travaux chaque année (restant bien occupé malgré tout !). Il a totalement fermé ses portes l’année dernière et Olivier Mantei, qui prenait la direction de l’établissement, a programmé une saison hors les murs (dont nous vous parlions ici). Le mois de février 2017 marquera la réouverture de la salle Favart avec une petite révolution dans l’organisation de cette institution lyrique (fondée sous Louis XIV en 1714 et donc la plus ancienne en France après l’Opéra de Paris) : les saisons ne s'étendront plus de septembre à juin mais mais sur l'année civile. Les travaux ayant notamment permis d'installer une climatisation performante, des spectacles pourraient même avoir lieu en juillet et août, à partir de 2018. Avant cela, 2017 présentera huit opéras dont deux créations et cinq nouvelles productions, le tout avec un quart de représentations en plus par rapport au passé.
De nouveaux horizons
Autre fruit de cet esprit de renouveau, l’Opéra Comique va développer des “Folies”, sortes d’incubateurs de jeunes artistes à travers la France. Cela doit permettre à la fois de soutenir les interprètes de demain et de multiplier la présence de l’institution à travers le territoire (au Théâtre Impérial de Compiègne, au Théâtre municipal de Fontainebleau et de Bastia ainsi qu’à l'Opéra de Reims). En outre, 45 minutes avant chaque représentation, le public pourra choisir d’être auditeur ou chanteur : soit en assistant à une présentation de l’œuvre, soit en chantant lui-même des extraits de la musique à venir (en plus du karaoké lyrique). Enfin de nouveaux tarifs seront mis en place ou expérimentés : s’inspirant de l’Opéra de Paris, 500 places à 20 € seront réservées les soirs de premières aux 18-28 ans et, pour Fantasio, ce seront 1000 places à 25€ qui seront dévolues aux moins de 25 ans, tandis que les 25-35 ans, habituellement oubliés des tarifications spéciales, débourseront 35€ (Olivier Mantei assure que l'expérimentation sera renouvelée !).
Une année riche en partenariats
Les premiers spectacles de la saison 2017 à l’Opéra Comique mettront en avant les échanges noués avec d’autres salles. Fantasio d'Offenbach (dont vous pouvez revivre l'élaboration sur Ôlyrix) sera ainsi donné en février au Châtelet, un théâtre dans lequel l'Opéra Comique avait déjà déménagé après son second incendie en 1887, et qui fermera ses portes à son tours pour 18 mois de travaux après cette production. Le rôle-titre sera interprété par Marianne Crebassa. L'étudiant tentera de séduire la princesse Elsbeth (Marie-Eve Munger), sans s'attirer les foudres de son promis, le roi de Bavière (Franck Leguérinel), ni de son père, prince de Mantoue (Jean-Sébastien Bou). Fantasio devait être le premier opéra mis en scène par la révélation du théâtre Thomas Jolly, avant que l’Opéra de Paris ne grille la politesse à l’Opéra Comique en l’invitant pour Eliogabalo actuellement à Garnier et encore en vente.
Thomas Jolly signera la mise en scène de Fantasio (© DR)
Inaugurant ses activités à la Folie de Compiègne, c’est dans ce nouveau lieu associé à l’Opéra Comique que sera créée le 2 mars La Princesse légère de la compositrice colombienne Violeta Cruz née en 1986. L'œuvre ira ensuite salle Favart faire entendre son association de l'art lyrique, d'installations sonores et d’électro-acoustique, interprétée par une formation aguerrie à ces musiques (l’Ensemble Court-Circuit dirigé par Jean Deroyer avec le soutien de l'Ircam). Inspirée d'un conte de George MacDonald, la princesse si légère qu’elle doit être attachée aux meubles, interprétée par Magali Arnault-Stanczak et Anne-Marine Suire, amusera les spectateurs de 7 à 77 ans. Le reste de la production sera lui aussi en alternance : Majdouline Zerari et Anna Reinhold en reine, Jean-Jacques L’Anthöen et Carlos Natale en prince, enfin le roi avec Luc Bertin-Hugault et Nicholas Merryweather.
Classiques et créations
En avril-mai, un mois avant de se rendre à Versailles, ce sera le tour d’une œuvre qui connut un grand succès en son temps avant de disparaître en 1771 : Alcyone de Marin Marais, ce compositeur baroque français immortalisé par les romans de Pascal Quignard La Leçon de musique et Tous les matins du monde ainsi que par le film éponyme avec les Depardieu père et fils face à Jean-Pierre Marielle. La musique sera dirigée par Jordi Savall et son Concert des Nations, des habitués du répertoire. La comédienne et chanteuse Louise Moaty reviendra à la mise en scène dans la salle Favart après Venus and Adonis de John Blow en 2012. Le rôle-titre a été offert à Léa Desandre, jeune mezzo-soprano qui commence à se faire un nom dans le répertoire ancien et qui sera notamment dans L’Orphée de Monteverdi à Caen l’année prochaine. Elle chantera aux côtés de Pelée interprété par Marc Mauillon (à l'affiche à Versailles de L'Orfeo de Luigi Rossi à réserver ici). La distribution sera complétée par Cyril Auvity en Ciex, Lisandro Abadie en Pan et Phorbas ainsi que par Antonio Abete qui sera Tmole, Grand-Prêtre et Neptune.
Marc Mauillon, Pelée à l'Opéra Comique et Momo à Versailles (© Philippe Parent)
Le Timbre d’argent de Saint-Saëns sera donné en juin. Pour l’occasion, l’Opéra Comique s’est associé au Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française, qui s’est justement fait pour spécialité de réhabiliter des œuvres méconnues. Cette œuvre au pacte faustien résonne avec l’opéra célèbre de Gounod (Jules Barbier et Michel Carré ayant à la fois signé le livret du Timbre d’argent de Saint-Saëns et du Faust de Gounod). L’opéra dialoguera également avec un autre opus de Saint-Saëns, Samson et Dalila prochainement à l’affiche de l’Opéra de Paris. Salle Favart, la clochette d'argent magique sera remise à Edgaras Montvidas (le peintre Conrad). Circée sera Raphaëlle Delaunay, Hélène Guilmette occupera le rôle qui porte son prénom, Jodie Devos sera Rosa, Tassis Christoyannis Spiridion. À noter également la direction du très européen chef d'orchestre français François-Xavier Roth et la présence du Chœur Accentus.
Samson et Dalila par Antoine van Dyck en 1630 (© DR)
En septembre et octobre, la metteuse en scène Katie Mitchell et le directeur musical Raphaël Pichon s'inspireront de pièces instrumentales et théâtrales de Purcell pour une création lyrique dans le même esprit d'exploration qui présida à leur travail sur les cantates de Bach en 2014 au Festival d’Aix-en-Provence. La distribution est pour l’heure faite selon les tessitures qui interpréteront divers caractères : Katherine Watson (Soprano), Kate Lindsey (Mezzo), Allan Clayton (Ténor), mais aussi Marc Mauillon (Baryton) et une basse qu’il reste à choisir.
Philippe Manoury présentera fin octobre sa création sur le drame de Fukushima, Kein Licht avec un texte de la Prix Nobel de littérature autrichienne Elfriede Jelinek. Cette création sera une nouvelle occasion d'associer acoustique et informatique. La distribution est elle aussi répartie selon les tessitures : la soprano Sarah Maria Sun, la mezzo Olivia Vermeulen, la contralto Christina Daletska, le baryton Lionel Peintre. Le chef d'orchestre sera Julien Leroy, ancien assistant de l’Ensemble Intercontemporain et la mise en scène signée Nicolas Stemann, allemand spécialisé dans le théâtre classique.
Philippe Manoury (© Pauline de Mitt)
Après les créations et les innovations, place à un grand classique en novembre avec La Flûte enchantée de Mozart dans la mise en scène de Suzanne Andrade et Barrie Kosky qui fait le tour du monde depuis 2014. Les interprètes sont majoritairement germanophones : l’orchestre de l'Opéra Comique de Berlin et le Chœur Arnold Schoenberg dirigés par le chef de l’orchestre symphonique de Munich Kevin John Edusei. Il en est de même pour Nadja Mchantaf (Pamina), Tansel Akzeybek (Tamino) accompagnés de la colorature grecque Christina Poulitsi.
Enfin, pour clore l’année, vous pourrez passer le mois de décembre et même réveillonner avec Le Comte Ory de Rossini. Cette production porte la patte de la Comédie Française avec la mise en scène de son sociétaire Denis Podalydès, les décors de son directeur Éric Ruf et les costumes d'un habitué de la maison, Christian Lacroix. Le Comte Ory et la Comtesse Adèle seront sémillants avec Philippe Talbot et Julie Fuchs. L'étoile montante Gaëlle Arquez effectuera l'une de ses quatre prises de rôle de la saison avec Isolier (retrouvez notre entretien avec l'artiste). Jean-Sébastien Bou sera présent d'un bout à l'autre de cette saison, puisqu'après Le prince de Mantoue dans Fantasio il reviendra en Raimbaud dans Le Comte Ory.
Denis Podalydès mettra en scène Le Comte Ory (© DR)
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