Luigi Roni, basse d'Italie mort du Coronavirus
Après Vittorio Gregotti, le Coronavirus nous enlève un autre artiste italien.
Ses débuts à succès dès l'âge de 22 ans dans un rôle légendaire (Méphisophélès du Faust de Gounod) lui ouvrent les portes de La Scala de Milan. Il y chantera durant les six décennies de sa carrière sous la baguette de Claudio Abbado, avec les plus grands (notamment Montserrat Caballé et les trois ténors : Luciano Pavarotti, Placido Domingo, José Carreras).
Luigi Roni chante "Ite sul colle. O Druidi" avec la Norma de Bellini incarnée par Montserrat Caballé, sous la direction de Riccardo Muti à Vienne en 1977
Sa carrière s'internationaliste de bout en bout des années 1970 : il débute à l'Opéra d'État de Vienne en 1970 et au Metropolitan Opera House de New York en 1979 interprétant Ramfis pour Aida sous la direction de James Conlon. Il y reviendra au Réveillon puis en janvier 2011 chanter le Docteur Grenvil avec La Traviata dans la fameuse mise en scène de Willy Decker.
Luigi Roni interprète Pistola dans Falstaff avec Ambrogio Maestri et Juan Diego Florez au Théâtre Verdi de Busseto en 2001, direction Riccardo Muti
En France, l'Opéra de Paris l'a engagé par deux fois : pour interpréter Un Condamné dans La Vera storia de Luciano Berio en 1985 et Don Basilio dans Le Barbier de Séville (Rossini) en 1992. Il marque surtout nos esprits aux Chorégies d'Orange (c'était l'objet de notre troisième épisode dédié à l'histoire de cette institution, avec vidéo intégrale) en Inquisiteur dans Don Carlo en 1984. Sa voix incisive, longue et notamment dans des aigus fort couverts (aiguisés même, mais sachant garder la rondeur de l'appui grave), explique son aisance dans ces arènes comme les grandes salles.
Il restera aussi commémoré par la vallée du Serchio (toujours dans sa Toscane) où il fonda en 2002 un festival estival sur les places des villages.
L'année dernière, il chantait encore : Simone pour Gianni Schicchi (Puccini) en avril 2019 au Théâtre Carlo Felice de Gênes.