À l'Opéra de Paris, le triste feuilleton quotidien dure désormais depuis 11 jours et il est toujours identique : un message posté sur le site internet de l'Opéra et sur ses réseaux sociaux annonce qu'en raison d'un préavis de grève à caractère national contre la réforme des retraites, le bon déroulement des représentations des jours prochains "pourrait" être remis en cause. Les spectacles sont ensuite annulés, tous, au compte goutte, le jour même.

Les amateurs de ballet ont ainsi déjà manqué 16 représentations (entre Raymonda de Noureev à Bastille et Le Parc par Preljocaj à Garnier). Les amateurs d'opéras n'auront pas eu la dernière du Lear de Reimann par Calixto Bieito à Garnier (compte-rendu de la première), ils n'auront eu -pour l'instant- que trois représentations du Prince Igor de Borodine par Barrie Kosky à Bastille (compte-rendu). Celles et ceux qui pensaient se rabattre sur la diffusion au cinéma demain 17 décembre en sont pour leurs frais : elle est annulée.

Enfin, les spectateurs risquent donc d'être privés des deux seules représentations prévues pour Le Pirate de Bellini. Celle de ce soir 16 décembre est annulée et rien ne permet de penser que celle de jeudi 19 aura lieu (comme nous vous le relations, avec les enjeux du conflits dans nos deux premiers articles sur ce mouvement).

Dès l'origine et donc bien avant qu'un tel mouvement puisse être anticipé, Le Pirate était pourtant prévu comme une version de concert, donc moins susceptible d'être empêchée par une grève de personnels techniques : certaines productions les années précédentes avaient ainsi abandonné leur mise en scène pour être données en version de concert, en raison de techniciens grévistes. Mais cela n'aura pas sauvé ce concert. Les très prestigieux solistes du spectacle sont Ludovic Tézier, Sondra Radvanovsky et Michael Spyres (ces deux derniers présents sur les réseaux sociaux y prennent même la peine d'informer les spectateurs, même lorsqu'ils ne disposent pas encore d'informations ou bien suite à une répétition générale ayant bien eu lieu mais suivie par leur tristesse face à l'annulation).