Paris, Londres, Vienne et New York : diverses-cités musicales
L'Opéra, comme le monde de la musique, de la culture et au-delà, s'ouvre bon an mal an à la "diversité". Plusieurs associations, observateurs et rapports officiels soulignent ainsi régulièrement la très faible représentation de certaines catégories à tous les échelons du monde artistique (entre autres) : aussi bien aux postes permanents que parmi les artistes. Actuellement en France, c'est la nomination à la direction du Conservatoire national qui fait couler beaucoup d'encre. Après une première procédure d'embauche qui ne retenait que deux femmes parmi les finalistes et qui a été déclarée infructueuse, c'est Émilie Delorme (aujourd'hui à la tête de l'Académie du Festival d'Aix-en-Provence) qui a été nommée et sera donc la première femme à diriger ce Conservatoire (depuis sa fondation en 1795). Bernard Foccroulle (récent Directeur du Festival d'Aix-en-Provence) a publié une tribune sur les réseaux sociaux, pour défendre celle avec qui il a travaillé pendant 15 ans contre ce qu'il nomme "une campagne de dénigrement" (campagne qui imputerait à Émilie Delorme un rapport aux quotas, dans sa nomination et sa future pratique de Directrice).
De l'autre côté du Rhin, une autre grande première féminine a été célébrée hier à l'Opéra d'État de Vienne qui n'avait jamais accueilli de compositrice. Olga Neuwirth signe un Orlando d'après le roman de Virginia Woolf. L'écrivaine et le sujet n'ont pas été choisis au hasard, bien au contraire et justement pour marquer les esprits et cette institution avec la question du genre, à l'occasion de cette première féminines. Orlando narre en effet la biographie fictive d'un jeune aristocrate britannique au début du XVIIe siècle qui se réveille en femme. Virginia Woolf, grande avocate de la cause féminine, dédia son livre à la poétesse (et son amante) Vita Sackville-West. L'opéra est ici porté par une artiste transgenre, Justin Vivian Bond, aux côtés notamment de Kate Lindsey qui nous parlait de cet opus et de ces questions en interview.
De l'autre côté de l'Atlantique Terence Blanchard sera le premier compositeur afro-américain dont un opéra sera mis en scène au Metropolitan, à New York. Il s'agira de Fire Shut Up In My Bones (titre des mémoires du journaliste Charles M. Blow) durant la saison 2021-2022. Cet opus vient d'être créé à Saint-Louis, là où son premier opéra avait également vu le jour en 2013 (Champion, consacré au boxeur Emile Griffith). Terence Blanchard, né en 1962 à La Nouvelle-Orléans (berceau du jazz) s'est notamment fait connaître en tant que trompettiste et compositeur de musiques de films (Malcolm X , La 25e Heure, les deux derniers films de Spike Lee, par exemple).