Théâtre des Champs-Élysées, saison 2019/2020 : (en)jeux de pouvoir
Après la réduction annuelle du nombre d'opéras mis en scène (5, 4 puis 3 ces trois dernières saisons), le Théâtre des Champs-Élysées reviendra en 2019/2020 à 4 productions scéniques, en plus de la désormais traditionnelle version tout public et participative : après Un Barbier et Une Carmen, ce seront Les Petites Noces (mise en scène Gilles Rico, direction Iñaki Encina Oyón) qui répondront aux Noces de Figaro, dans la toute première mise en scène du réalisateur et scénariste américain James Gray, avec un casting français étoilé (Sabine Devieilhe, Stéphane Degout, Vannina Santoni, Éléonore Pancrazi dirigés par Jérémie Rhorer) mais aussi le canadien Robert Gleadow en Figaro.
L'autre nouvelle production maison sera consacrée à l'ultime opéra (conservé) du premier maître du genre : Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, mis en scène par Stephen Langridge avec des habitués du répertoire (Anne-Catherine Gillet, Chantal Santon-Jeffery, Delphine Galou, Reinoud van Mechelen, Emilie Renard, Judith van Wanroij, ainsi que Mathias Vidal, Catherine Trottmann, Lucia Martin Carton, Philippe Estèphe, Pierre Derhet, Emiliano Gonzalez-Toro, Thibault de Damas accompagnés par Les Talens Lyriques de Christophe Rousset) mais aussi les voix puissantes de Marie-Nicole Lemieux, Alice Coote et Jean Teitgen. Outre son dernier opus, le Théâtre proposera aussi son premier : L’Orfeo en version de concert avec Rolando Villazón (qui interprétait l'autre opéra de Monteverdi, Le Retour d'Ulysse dans sa Patrie mis en scène par Mariame Clément, in loco il y a deux ans) et L’Arpeggiata de Christina Pluhar.
Avant la reine traîtresse, la reine trahie : Elisabetta dans Roberto Devereux de Donizetti, mis en scène par David McVicar en 2016 au Met, qui sera ici dirigé par Roberto Abbado avec Maria Agresta, Artur Ruciński, Karine Deshayes, Francesco Demuro, Pierre-Antoine Chaumien, Anas Séguin, l'Orchestre National de France et le Chœur de Radio France.
Le TCE reprend également le Freischütz (notre compte-rendu de Caen) mis en scène par Clément Debailleul, Raphaël Navarro - Compagnie 14:20, avec Insula Orchestra et accentus de Laurence Equilbey. Stanislas de Barbeyrac rejoindra, parmi les artistes qui se sont déjà produits dans ce spectacle, Chiara Skerath, Vladimir Baykov, Johanni van Oostrum, Christian Immler, Thorsten Grümbel, Anas Séguin et Clément Dazin.
À noter en outre que les productions maison de différentes années voyagent hors-les-murs la saison prochaine : Pelléas et Mélisande de Debussy mis en scène par Éric Ruf ira à Dijon, Dialogues des Carmélites de Poulenc par Olivier Py au Capitole de Toulouse, Le Barbier de Séville de Rossini par Laurent Pelly à Tours, Les Noces de Figaro de Mozart par James Gray à Nancy et Los Angeles, Les Petites Noces à Rouen et Avignon.
32 opéras en concert et oratorios
Le TCE rappelle tout d'abord qu'il est une place forte du baroque (dont les opus sont plus aisés à présenter avec des versions de concert en raison de leurs intrigues aussi complexes que leurs lieux sont oniriques). Haendel est le mieux représenté : Franco Fagioli interprétera Orlando avec Il Pomo d'Oro, Jakub Józef Orliński sera tête d'affiche d'un Serse, et Christophe Rousset dirigera Les Talens Lyriques pour Giulio Cesare et Diego Fasolis Alessandro.
Les couleurs du baroque français seront fièrement portée par Isis de Lully et deux très beaux Rameaux (tous deux avec Les Ambassadeurs d'Alexis Kossenko) : Platée ainsi qu'Acanthe et Céphise avec Sabine Devieilhe, Cyrille Dubois, Thomas Dolié, Chantal Santon-Jeffery.
Magnificat de père en fils (Jean-Sébastien et Carl Philipp Emanuel Bach), Bach le père qui offrira également deux passions pour lesquelles Damien Guillon redevient exclusivement chanteurs (et non plus chef) : la Saint Jean (avec Zachary Wilder, Christian Immler, Hana Blažíková et le Bach Collegium Japan mené par Masaaki Suzuki) et la Saint Mathieu (Julian Prégardien, Florian Boesch, Dorothee Mields, Reinoud van Mechelen, l'Orchestre et Chœur du Collegium Vocale Gent par Philippe Herreweghe).
Aussi traditionnels et fréquents que la Passion à Pâques, le programme des fêtes (notamment la Pastorale de Noël de Charpentier), le Requiem (de Mozart et de Fauré) et les fameux Stabat Mater parcourent les siècles comme le programme avec ceux de Pergolèse, Scarlatti, Rossini et Poulenc. Rossini dont sera aussi donnée la Petite Messe solennelle mais également un opéra (bien loin du Vatican) : L'Italienne à Alger avec Margarita Gritzkova, Veronica Cangemi, Peter Kalmán, Maxim Mironov et l'Ensemble Matheus dirigés par Jean-Christophe Spinosi.
Le répertoire romantique sera ainsi lui aussi fièrement représenté, notamment grâce à une autre tradition appréciée : une production qui vient de Lyon et se présente en version concert. Il s'agira d'Ernani de Verdi (les détails dans notre présentation de la saison lyonnaise). C'est toutefois Beethoven qui domine la part romantique, avec Fidelio (Nina Stemme, Michael Weinius, John Lundgren, Malin Christensson), la Messe en ut (dirigée par Thomas Hengelbrock) et la Missa solemnis (par Jérémie Rhorer). Sans oublier l'intégrale de ses Symphonies (un projet également entamé par la Philharmonie de Paris) et qui sera emmené au TCE par l'Orchestre Philharmonique de Vienne sous la baguette d'Andris Nelsons avec Annette Dasch, Gerhild Romberger, Klaus Florian Vogt et Günther Groissböck en solistes dans la Neuvième. Autant d'occasions pour célébrer les 250 ans de Beethoven.
L'oratorio sera représenté par La Création de Haydn avec le Collegium Vocale Gent de Philippe Herreweghe, Juditha triumphans de Vivaldi avec Marie-Nicole Lemieux, mais oratorio peut aussi être romantique avec Elias de Mendelssohn. Un autre temps fort de la saison sera romantique : Roméo et Juliette de Gounod avec Vannina Santoni, Jean-François Borras, Jean Teitgen, Guillaume Andrieux, Éléonore Pancrazi, Matthieu Justine, Marie Lenormand, Kévin Amiel, Marc Scoffoni, Christian Helmer, Luc Bertin-Hugault, Guilhem Worms, Laurent Sérou, l'Orchestre et le chœur de l’Opéra National Montpellier Occitanie, dirigés par David Reiland.
Après son Hamlet à l'Opéra Comique, Ambroise Thomas continue son retour en grâce au TCE grâce à la redécouverte par le Palazzetto Bru Zane de Psyché, portée par Jodie Devos, Karine Deshayes, Tassis Christoyannis, Ludivine Gombert, Marie Gautrot, Artavazd Sargsyan, Jérôme Boutillier, Patrick Bolleire le Chœur de la Radio Flamande, l'Orchestre de chambre de Paris et Pierre Bleuse à la direction.
Enfin le programme lyrique mène aussi vers le XXe siècle, avec Le Château de Barbe-Bleue (Bartók) habité par Matthias Goerne, Michelle DeYoung, l'Orchestre National de France et Gianandrea Noseda. La Femme sans ombre de Richard Strauss rentre au répertoire de la maison, dirigée par Yannick Nézet-Séguin avec Amber Wagner, Michaela Schuster, Elza van den Heever, Stephen Gould, Michael Volle).
Outre Les Noces, Mozart et le style classique seront aussi présents non pas mis en scène mais mis en espace (par Deborah Cohen) avec Don Giovanni par la troupe de l’Opéra de Garsington dirigée par Douglas Boyd.

Avant d'ouvrir la saison des récitals, un Gala fêtera les 10 ans du Palazzetto Bru Zane avec ses figures marquantes et célèbres (Hervé Niquet, Véronique Gens, Tassis Christoyannis, Cyrille Dubois, Rodolphe Briand, Edgaras Montvidas, Olivier Py, Lara Neumann, Emmanuel Ceysson) pour un programme (surprise !) évidemment romantique français.
Viendront ensuite les concerts solistes des superstars : Elīna Garanča, Jonas Kaufmann, Renée Fleming, Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak (mais dans des récitals séparés !). Philippe Jaroussky viendra par deux fois (Lieder de Schubert puis Vivaldi-Haendel), Matthias Goerne interprétera Beethoven. Les récitals mettront aussi à l'honneur des étoiles montantes : Jakub Józef Orliński (avec Il Pomo d'Oro pour Cavalli, Haendel, Boretti, Conti, Hasse) et Elsa Dreisig (pour du Strauss, Rachmaninov, Duparc). L'exercice se conjuguera aussi à deux (Vannina Santoni et Saimir Pirgu se retrouvant sur les planches qu'ils ont brûlées avec leur Traviata) et même à quatre (Emőke Bárath, Anthea Pichanick, Philippe Jaroussky, Emiliano Gonzalez-Toro).
Enfin le programme symphonique annonce une dizaine de prestigieux orchestres internationaux, autant de concerts par l'Orchestre de chambre de Paris avec autant de solistes instrumentaux, mais également la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac pour un programme Mozart, Lavandier, Mendelssohn, Berlioz dirigé par Douglas Boyd.
