Paris a aussi La Scala
L'actuel 13 boulevard de Strasbourg dans le 10e arrondissement de Paris en aura vu de toutes les couleurs ! Blanc comme le Cheval qui indiquait l'enseigne d'une auberge dès 1787, noir serré comme le café-concert et les fidèles qui s'y réunissaient dès 1874, rouge comme le célèbre Moulin où se produisait Mistinguett (l'une des nombreuses vedettes de La Scala Paris au tournant du siècle). Après sa période vaudeville, la salle se met aux couleurs art-déco et la programmation au noir et blanc du cinéma en 1936, puis aux couleurs moins avouables du cinéma pour adultes entre 1977 et 1999, avant d'être rachetée par une organisation souvent dénoncée comme sectaire. "Pas de permis pour la secte" titre Le Nouvel Observateur : la salle est mise en vente en 2009. Acquise par Mélanie et Frédéric Biessy en 2016, elle (re)devient "La Scala Paris", salle de spectacles modulable (avec bar et restaurant) inaugurée le 11 septembre 2018. Noir & Bleu : telles sont désormais les couleurs de La Scala, sombre et stylée de l'intérieur à l'extérieur (dans un quartier vivant et bigarré) !
L'identité de La Scala a été conçue par un trio d'artistes : Richard Peduzzi (le fameux et indissociable scénographe de Patrice Chéreau) pour l’identité du lieu, Philippe Manoury a composé l’identité sonore (la signature musicale évolutive diffusée dans les espaces et dont elle accompagne les saisons), l’identité graphique de Rudi Meyer (fin et long coup de crayon dessinant un toit pour réunir les arts).
Olivier Schmitt (son Conseiller artistique) retrace cette fascinante histoire sur France Musique :
Ici, spectacles et arts se conjuguent en effet au pluriel : Arts du cirque, Arts visuels, Danse, Musique, Performances, Rencontre, Théâtre viendront s'y marier. Ainsi, les prochaines dates de la programmation musicale se mêleront-elles aux lectures théâtrales : Yasmina Reza lira elle-même son texte Hammerklavier, (qui relate "la fascination de son père pour la célèbre sonate de Beethoven et pour la musique en général"), accompagnée au piano par Geoffroy Couteau. Elle sera suivie par sept autres duos dans le même exercice : Dominique Reymond et Tanguy de Willencourt (entendu à l'Athénée et Salle Cortot), Emmanuelle Devos et Geoffroy Couteau, Carole Bouquet et Gaspard Dehaene, Nathalie Baye et Pierre-Yves Hodique, Bulle Ogier et Nathanaël Gouin, Josiane Stoléru et Florian Noack, Nicole Garcia et Sélim Mazari. Viendront également Les Métanuits Jazz avec Roberto Negro, Emile Parisien et le Quatuor Béla, An Index of Metals de Fausto Romitelli avec la soprano Donatienne Michel-Dansac (un spectacle dont nous vous parlions pour l'annonce de saison 2018/2019 à l'Opéra de Rouen). L'IRCAM aura son Festival à la Scala, les 5 et 6 avril 2019.
Mais, depuis l'ouverture, la musique a déjà résonné dans ce parallélépipède modulable. L'acoustique y semble très bonne, notamment pour le répertoire contemporain comme le public a pu l'apprécier au long du premier événement musical : "Aux Armes, Contemporains !" un riche week-end sonore organisé les 21&22 septembre 2018. La Carte Blanche du vendredi, notamment, donnée à des musiciens bien connus de nos pages, offrait au Balcon l'occasion d'y faire voguer les voix portées par un piano délicat, mais aussi frappé, gratté, caressé (Alphonse Cemin y accompagnait et dirigeait Jenny Daviet, Norma Nahoun, Camille Merckx, Marie Picaut, Parveen Savart, Floriane Hasler, Léa Trommenschlager pour le Chant de Claude Vivier et l'Apparition de George Crumb). Le Balcon qui reviendra avec L'Itinéraire, sous la direction de Maxime Pascal, le 15 avril pour célébrer le 70ème anniversaire de Michaël Levinas.
La Scala, c'est aussi à Paris !