Opéra de Paris : une hausse pour la saison 2016/2017
Le Directeur de l'institution, Stéphane Lissner, avait dressé un bilan très encourageant pour sa première saison (2015/2016). Il a cette fois tenu à mettre particulièrement en avant trois temps forts de la saison 2016/2017 : la création mondiale de Trompe-la-Mort (retrouvez-en ici notre compte-rendu et cliquez sur les titres suivants pour lire nos articles), les débuts de la chorégraphe Crystal Pite, ainsi que le nouveau Così fan tutte mis en scène par la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker et sous la baguette du Directeur musical maison Philippe Jordan (nous en avons rendu compte en fin de saison dernière et au début de la saison 2017/2018). Il a également tenu à mettre en avant la 3e scène (espace numérique de l'Opéra, qui célèbre sa deuxième saison) et ses deux millions de vues, dont 44 % en provenance de l’étranger (retrouvez notre compte-rendu des Indes galantes hip-hop). Enfin, l'institution a devant elle un grand chantier (c'est le cas de le dire) : la construction de la salle modulable à échéance 2022, dans le cadre de la réorganisation des Ateliers Berthier.
Les chiffres-clés
20 opéras ont été proposés au public (dont 11 nouvelles productions et une version de concert : Béatrice et Bénédict de Berlioz), avec également 14 ballets (dont 10 nouveaux spectacles).
513 représentations ont été données au total, parfaitement équilibrées entre l'opéra et la danse (188 représentations lyriques, 177 représentations chorégraphiques, ainsi que 11 représentations de l’École de danse).
Le programme d'avant-premières jeunes a touché 27.385 spectateurs de moins de 28 ans, en leur proposant 13 soirées à 10 € (8 opéras et 5 ballets, affichant de fait une jauge de remplissage à 100%).
L'Opéra de Paris, c'est aussi 30 concerts et récitals et pas moins de 94 représentations de l’Académie (retrouvez notre entretien passionnant avec sa directrice et le compte-rendu de leur récente Ronde).
Au total, 859.434 places ont été vendues à Garnier et Bastille, soit une augmentation de 7% par rapport à la saison précédente, entraînant une hausse de 6% dans les recettes de billetterie (passant de 64 à 68 millions d'euros). Cela représente un taux de remplissage de 91%. Ce taux de remplissage affiche de grandes disparités, allant de 68% (Wozzeck) à plusieurs fois 100%. La salle est ainsi quasiment comble pour les grandes œuvres du répertoire (Rigoletto 94 %, La Flûte enchantée 100%, Tosca 95%, Carmen A & B 100% & 99%, Cosi fan tutte 98%, l'exception étant Lucia di Lammermoor avec une Pretty Yende, certes révélation, à 87%). Les grandes vedettes lyriques remplissent également les salles : Jonas Kaufmann et Anna Netrebko aident respectivement à remplir à 96% et 92% de Lohengrin et Eugène Onéguine dont ils ne chantaient que la moitié des représentations. Jonas Kaufmann remplit même les représentations auxquelles il ne participe finalement pas (Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach) !
Mais les artistes en vue de suffisent pas à remplir pour certaines œuvres moins connues : Aida Garifullina n'emmène La fille de neige de Rimski-Korsakov qu'à 90%, Samson et Dalila avec Anita Rachvelishvili n'est qu'à 87%. Le public boude clairement des œuvres nouvelles et des metteurs en scène sulfureux : Iphigénie en Tauride, pourtant dans la plus petite salle Garnier et pour 9 soirées mais par Warlikowski est à un maigre 81%. Les plus grandes déceptions sont pour Cavalleria Rusticana de Mascagni associé à Sancta Susanna de Hindemith (avec pourtant Garanča et Antonacci) à un catastrophique 73%, sans parler des 68% de Wozzeck. Toutefois, les créations et nouveautés musicales et scéniques (astucieusement placées dans la plus petite jauge de Garnier) affichent des scores honorables : Eliogabalo par Thomas Jolly à 92%, La Cenerentola par Guillaume Gallienne à 91%, la création Trompe-la-mort à 91%, la représentation unique de Béatrice et Bénédict atteignant même 98% !
À noter que si les résultats à l'Amphithéâtre sont excellents (à l'exception du Week-end musical : Musique romantique), les concerts du Palais Garnier doivent être réinventés pour améliorer le taux de seulement 77%. Il paraît incompréhensible que les récitals de Joyce Didonato, Anja Harteros et Ludovic Tézier ne remplissent qu'à seulement 78% !
Cela permettrait d'améliorer encore les ressources de l'Opéra de Paris, qui profitent également des 554.274 visiteurs au Palais Garnier en 2016, et des 100.088 spectateurs dans les 550 salles de cinéma partenaires, dans lesquelles sont diffusés les spectacles (dont 150 en France, 400 à l’étranger).
Sur un budget initial en 2017 (hors investissements) de 216,4 millions d’euros, l'institution lyrique parisienne affiche ainsi 53% de ressources propres en 2016. Elles sont complétées par les 94,8 millions d’euros Hors Taxe de subventions de fonctionnement (État). Le mécénat contribue pour à sa part à hauteur de 14,5 millions d’euros, dont 500.000 euros de mécénat d’investissement et de compétence.
Outre le coût des productions, la masse salariale de l'Opéra reste importante, avec ses 1.927 salariés (effectif équivalent temps plein mensuel moyen en 2016), dont 1.496 CDI et 431 CDD.