Un Opéra pour Istanbul ?
Le président turc Recep Tayyip Erdogan suscite de vives inquiétudes quant à un comportement de plus en plus autoritaire (répression des opposants, des journalistes, des homosexuels et des minorités religieuses, notamment). Visant à redorer son image, notamment par la culture, il a rompu un jeune du ramadan en compagnie d'artistes le 12 juin dernier.
Süreyya Opera House Istanbul
Pour l'occasion a été annoncée la construction d'un Opéra Place Taksim (Istanbul compte certes le "Süreyya Opera House", mais côté asiatique, nommé centre culturel et n'accueillant depuis 2007 que 570 spectateurs pour des opéras et ballets, après avoir longtemps été un cinéma). Une belle nouvelle mais qui suscite des interrogations, principalement sur deux points. Premièrement, Erdogan a un passif avec cette place emblématique d'Istanbul, un oasis avec un peu de verdure qu'il voulait remplacer par des centres commerciaux (déclenchant des protestations réprimées). Deuxièmement, le bâtiment qui devrait être démoli pour faire place à l'opéra se nomme "Centre Culturel Atatürk (AKM)", en l'honneur du fondateur d'une Turquie moderne, laïque et évoluée, les valeurs même qu'Erdogan est accusé de remettre en question.
Occupation de la place Taksim par des manifestants le 7 juin 2013
Un double enjeu donc, certes symbolique, mais comme l'art et la politique. Une autre question symbolique se posera assurément et de manière brûlante si cet opéra voit le jour : quel répertoire ? Affaire à suivre, sur Ôlyrix.