Le partenariat entre BP et le Royal Opera House suscite la polémique
Le Royal Opera House de Londres © Elisa Rolle
«Nous sommes des compositeurs, des musiciens et des chercheurs qui se soucient, avec passion de la musique classique, des arts de la scène et de l’environnement, et nous pensons que le logo BP représente une tâche sur la réputation internationale du Royal Opera House », écrivent-ils.
Au terme de son procès, ce jeudi 2 juillet, la British Petroleum, troisième compagnie pétrolière mondiale, a été condamnée à payer une amende de 18,7 milliards de dollars en réparation des dégâts causés dans le Golfe du Mexique. En 2010, l'explosion d'une plate-forme que l'entreprise louait provoquait l'un des crimes écologiques les plus désastreux de l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui, les signataires reprochent à BP de continuer d'extraire du pétrole dans les zones les plus fragiles du globe et notamment « dans les terres glacières fragiles de l'Arctique et dans les sables bitumeux canadiens, où ils piétinent les droits des peuples autochtones ».
Le lendemain du verdict, le Royal Opera House installait des écrans géants estampillés du logo de la BP pour retransmettre la représentation de Don Giovanni dans tout le Royaume-Uni, déclenchant l'agacement des signataires, qui considèrent qu'«en s'associant avec des événements culturels de grande envergure tel que celui-ci, BP s'achète une légitimité sociale imméritée et tente de jeter un voile sur ses crimes écologiques organisés à travers le monde ».
Pris en étau, le Royal Opera House a, pour sa part, déclaré par voie de communiqué que les ressources provenant du géant pétrolier lui étaient « vitales » et lui garantissaient « un programme culturel riche et dynamique ». L'institution a par ailleurs poursuivit en défendant son mécène : « BP a, pendant de nombreuses années, apporté une contribution significative à la vie artistique et culturelle de ce pays, ainsi qu'au Royal Opera House depuis 1988 ».
Depuis la marée noire de 2010, le soutien financier de BP , dont bénéficie également le British Musem, la National Portrait Gallery et la Tate Britain, a généré quelques protestations. Cette dernière en a particulièrement fait les frais : la même année, deux manifestantes avaient ainsi lâché de la mélasse noire sur son sol, et en 2011 un groupe d'artistes versait du liquide noir sur un manifestant nu à l'intérieur de son bâtiment.
Les plus grands acteurs du monde de la musique classique, comme Simon Holt ou John Luther Adams, intiment l'institution à «rejoindre la vague croissante d'universités, de fondations et d'organisations qui ont coupé les liens avec l'industrie des énergies fossiles. » La lettre conclue ainsi qu'« il est maintenant temps de tirer un trait sur le financement provenant de l'industrie des énergies fossiles ».
Lire l'intégralité de la lettre ouverte ici.