Décès de Russell Oberlin : la perte d'une voix singulière
Enfant, Russell Oberlin chante en tant que soprano professionnel dans des chœurs. L'âge adulte venu, il ne change pas pour autant de pupitre : le chanteur natif de l'Ohio conserve un timbre particulièrement clair qu'il ne tarde pas à faire connaître aux oreilles américaines. En effet, en 1955, trois ans après sa sortie de la Juilliard School (suite à ses débuts professionnels consacrés à chanter des publicités pour du papier toilettes à la radio), le voilà déjà engagé par Léonard Bernstein pour l'enregistrement du Messie de Haendel, mais aussi pour une production à Broadway de L'Alouette de Jean Anouilh, musique de scène pour voix et percussions, du même chef d'orchestre.
Le contre-ténor continue à se distinguer en fondant l'ensemble New York Pro Musica Antiqua et remet ainsi au goût du jour le répertoire de la musique médiévale et de la Renaissance. Parallèlement, Russell Oberlin multiplie les récitals, les enregistrements, et se voit même confier, à la suite du célèbre contre-ténor Alfred Deller, le rôle tant convoité d'Obéron à la première du Songe d'une nuit d'été de Benjamin Britten au Covent Garden de Londres en 1961.
À 36 ans, sa renommée assurée, il se retire du réseau professionnel pour se consacrer à l'enseignement au Hunter College de New York, tout en faisant des apparitions dans les émissions musicales de Bernstein, encore une fois, ou lors de ses lectures poétiques pour le Lark Ascending (un groupe new-yorkais recréant lors d'après-midis l'atmosphère musicale du temps de Wharton et de James).
Pour lui rendre hommage, voici un trio d'airs anciens anglais, profanes et sacrés, interprétés par Russell Oberlin et qui nous emportent bien dans des sons anciens :