Mort du chef Gianluigi Gelmetti : hommage de Rome et Monaco, Liège toujours en deuil
Les réactions et les messages de condoléances se succèdent sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de la mort du chef d'orchestre Gianluigi Gelmetti, notamment émanant des deux maisons où il fut respectivement Directeur musical et chef principal : l'Opéra de Rome fait part de sa "profonde douleur" et l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo partage sa "très grande tristesse" (et annonce qu'un hommage lui sera rendu prochainement).
Gianluigi Gelmetti avait encore dirigé un concert à Monaco le 21 octobre 2020 dans le cadre de la semaine de la langue italienne, après le Requiem de Verdi à la veille du confinement de mars 2020.
C'est avec une très grande tristesse que nous venons d'apprendre le décès ce matin à Monaco de lancien Directeur Artistique et Musical et Chef honoraire de lOPMC : Maestro #GianluigiGelmetti Communiqué à retrouver ci-dessous https://t.co/UmZe8UeSnF pic.twitter.com/QJmqvMkTmi
— Philhar Monte-Carlo (@MonteCarlo_Orch) 11 août 2021
Il Teatro dell'Opera di Roma comunica, con profondo dolore, la scomparsa del maestro #GianluigiGelmetti#operaroma pic.twitter.com/Q2xEeO2qPS
— Opera di Roma (@OperaRoma) 11 août 2021
S'appuyant sur son apprentissage avec nul autres que le chef roumain Sergiu Celibidache, ou encore Hans Swarowsky et Franco Ferrara, il est invité très tôt à se produire à la Philharmonie de Berlin pour ses débuts professionnels, puis par les plus grands opéras, comme l'Opéra de Paris, le Royal Opera House de Londres, La Scala de Milan, mais également à Saint-Pétersbourg, Budapest, Prague, au Japon, en Chine, à Oman ou encore au Qatar, et plus récemment à Trieste et à l’Opéra Royal de Wallonie.
Sa carrière de chef titulaire commence à la Radio de Stuttgart de 1989 à 1998 (dont l'orchestre est intégré depuis 2016 à l'Orchestre symphonique SWR), puis comme Directeur musical à l'Opéra de Rome de 2000 à 2009 (tout en dirigeant l’Orchestre Symphonique de Sydney de 2004 à 2008). Sa carrière de Directeur musical s’est conclue au Philharmonique de Monte-Carlo de 2012 à 2016 (après une première expérience à la direction d’orchestre dans la maison monégasque de 1990 à 1992 en remplacement du chef Yakov Kreizberg décédé en 2011). Gianluigi Gelmetti y était encore chef honoraire.
Dans sa rigueur et connaissance musicales, il était notamment connu pour demander (fait rare dans le monde de l’Opéra) la présence des chanteurs lors de toutes les répétitions, y compris celles qui ne les concernaient pas directement.
Si le répertoire de Gianluigi Gelmetti se caractérise par sa polyvalence (lyrique ou symphonique), il est surtout connu pour son tropisme italien, avec une préférence pour Rossini, malgré ses interprétations fameuses des œuvres symphoniques de Ludwig van Beethoven. Il laisse derrière lui une importante discographie qui fait la part belle au répertoire du grand serviteur de l’opera buffa, des prestations mémorables au Festival de Pesaro (dédié à Rossini), dont il a grandement contribué au rayonnement de 1982 à 1999, avec de grands moments, comme sa direction en 1995 du célèbre Guillaume Tell, pour la première fois dans sa version originale et intégrale en français. Il fut également à Rome à l'initiative de (re)découvertes d’ouvrages tombés dans l’oubli, comme Iris de Mascagni 1996, La Fiamma de Respighi en 1997, Marie Victoire de Respighi encore pour sa création en 2004 ou encore La leggenda di Sakùntala d'Alfano (dont la partition avait disparu) en 2006.
Également compositeur d’œuvres pour chœur et orchestre, et élève du réalisateur Orazio Costa pour la mise en scène d’opéras, il propose notamment une mise en scène de La Rondine de Puccini au Grand Théâtre Vincenzo Bellini de Catane en 2018, mais également L’Isola disabitata de Haydn, Le Barbier de Séville, Così fan tutte, Tosca, ou un Tristan et Isolde de Wagner tout en les dirigeant.
Régulièrement invité en France, il avait été fait Chevalier des Arts et des lettres, comme il avait été fait Cavaliere di Gran Croce par le Président de la République italienne (il avait en outre obtenu la nationalité monégasque, en 2016).
Gianluigi Gelmetti aurait dû diriger en cette fin d'année l'Otello de Rossini pour un Opéra de Liège décidément endeuillé (après la récente disparition de son emblématique Directeur, Stefano Mazzonis di Pralafera).