L'histoire, c'est celle d'une femme qui attend un homme. Pour combler son attente et faire taire le silence, elle parle. L'homme s'avance vers elle. Oscillant entre désir d'amour et de mort, ce monologue basculera finalement vers une issue tragique.

Après Tableau d'une exécution avec Fiona Shaw en 2012, le dramaturge anglais Howard Baker brosse le portrait d'une survivante dont la voix est le seul rempart contre la mort. Qui d'autre pourrait donc mieux interpréter cette femme que Natalie Dessay ?

Natalie Dessay pendant une répétition de "Und" d'Howard Baker © Marie Petry

La soprano qui a raccroché la scène lyrique en 2013, retourne ici à ses tout premiers amours. Sa voix avait en effet été repérée alors que Natalie Dessay -qui étudiait alors le théâtre- était sur les planches. Elle entame donc ici une carrière avortée et endosse la lourde pression d'un seule en scène. Rompue à l'exercice des héroïnes tragiques, Lucia di Lammermoor ou encore Lakmé, Natalie Dessay campe, ici, une femme dont la logorrhée affronte la musique d'un Alexandre Meyer muet. L'environnement musical qu'il compose avec sa guitare heurte ses mots, les font évoluer.

Derrière les contours de la passion amoureuse, Und narre l'histoire universelle d'une quête de sens, obsession servant à défier les vertiges de l'absurde. Pour Baker : « Si on traverse les bornes de ce qui est respectable et familier, on entre dans un monde à la fois absurde, comique et horrible. » Quelque part entre Cocteau et Beckett, Und dont l'écriture musicale et la voix possède un rôle prégnant sied à Natalie Dessay. À découvrir jusqu'au 5 juin au Théâtre de Tours.

(Crédits photographiques cover : © Simon Fowler)