La Maîtrise Populaire chante la rentrée déconfinée du Comique
Les jeunes élèves et étudiants (entre 8 et 25 ans) ne s'étaient pas revus physiquement depuis le confinement, et chanter ensemble n'est décidément pas pareil par webcams, a fortiori dans le cadre de cette formation complète inspirée de l'opéra-comique (bien entendu) qui associe le chant et le jeu, de la comédie musicale qui y mêle la danse et même du musical avec une pincée de claquettes.
La Fondatrice et Directrice artistique de ce programme, Sarah Koné a même dû faire passer sur l'application de visio-conférence virale du confinement les auditions pour les nouvelles recrues : 600 candidats pour 35 places (dont 60% en Réseau d'éducation prioritaire) !
Le bonheur de se retrouver était donc aussi radieux dans le sourire et les voix des maîtrisiens que le soleil de midi tapant au zénith du Palais Royal. C'est là, dans la Cour d'honneur entre les Colonnes de Buren et le jardin, sous les fenêtres donc du Ministère de la Culture (dont certains commentateurs sur place, encore et toujours courroucés par la gestion de crise culturelle, diront que "c'est la seule manière pour que le Ministre entende le monde musical") que les Maîtrisiens bien espacés -comme des colonnes de Buren mais avec des touches de rouge- offrent aux passants un impromptu artistique. Quelques morceaux extraits de leur concert à venir l'après-midi même leur permettent de s'échauffer, voix et corps, tout en s'abritant régulièrement à l'ombre avant de retrouver leur salle Favart avec quelques petites rougeurs de soleil, un nouveau Rouge Favart.
Intervention de la Maîtrise au Palais-Royal @fondationbettencourtschueller @opera_comique #talentfondationbettencourt #enchantonslete @Fondation_BS pic.twitter.com/koS4i0pOco
— Maîtrise Populaire (@MaitrisePopOC) 24 juin 2020
Éblouissant et Renversant
L'entrée dans l'Opéra Comique se fait en toute sécurité, les portiques Vigipirate vont désormais immanquablement avec les masques et gels Covid, obligatoires comme le strict sens de circulation. La distanciation est même modèle, renversante : le public et les artistes ont échangé leurs places. Les spectateurs sont installés sur des chaises sur scène bien distantes (6 rangées de 6), les chanteurs sont répartis dans toute la salle, loges incluses, du parterre au deuxième balcon.
La Directrice Sarah Koné, en alternance avec la cheffe de premier cycle Clara Brenier pour quelques morceaux, est à peu près installée là où elle le serait en temps normal pour diriger, à ceci prêt qu'elle est dans l'autre sens : dos à la scène et face à ses chanteurs en salle. Les deux femmes dirigent d'une manière toujours aussi limpide que radieuse, les voix retrouvent ainsi leurs marques dans un répertoire d'une impressionnante richesse et variété (détail complet des morceaux en bas de cet article, avec la vidéo intégrale à retrouver ici dès le 28 juin).
D'abord frêles et intimidées, comme il est logique pour cette rentrée des classes, les voix s'appuient et s'affirment progressivement et mutuellement, l'une l'autre, l'une après l'autre comme le contrepoint du premier morceau de ce concert, coulant comme le titre de sa chanson et de ses artistes (On suuri sun tantas autius de Ylioppilaskunnan Laulajat). Les voix se calent dès la berceuse suivante. Les morceaux s'enchaînent avec une impressionnante richesse de styles, d'autant que les pièces en elles-mêmes marient des styles par le jeu des arrangements, des jeunes solistes aux voix douces mais installées assumant leurs interventions avec des voix angéliques, ou traditionnelles (notamment aux couleurs italiennes) ou baroques ou même de crooner (Only you), le tout avec tous leurs collègues alternant vocalises, bouches fermées ou de riches accords aux larges pans harmoniques. La deuxième partie accompagnée au piano est tout aussi variée et diverse, de l'Halleluhjah de Leonard Cohen à Carmen de Bizet en galopant avec Offenbach et Humperdinck (avec sa petite chorégraphie).
La Maîtrise populaire de l'Opéra Comique nous avait envoyé certains de ces morceaux telles des cartes-postales enregistrées confinées :
En somme, un catalogue des styles et des pratiques de cette maîtrise populaire qui culmine par une marque de fabrique maison : le "chansigne", forme de traduction simultanée des paroles chantées avec des gestes (empruntant un peu à la langue des signes) à la fois poétiques et littéraux. Pour Carmen, on fait les oiseaux avec les mains, les cornes du taureau avec les index sur la tête, des passes de cape avec les bras.
De quoi se retrouver et se quitter pour l'été en une seule et même journée, éblouissante et renversante.
Rendez-vous ce 28 juin pour la vidéo intégrale avec le programme ci-dessous et ces prochains mois pour un été enchanté par la Fondation Bettencourt Schueller
On suuri sun tantas autius – Matti Hyökki, Pasi Hyökki, Ylioppilaskunnan Laulajat
Lullaby (Goodnight my angel) – Billy Joel arr. Philip Lawson
Il est bel et bon – Passereau
Plaisir d'amour - Jean-Paul-Égide Martini arr Serge Ribarsidière
Only you – The Platters
Who is Sylvia – Schubert arr. Goff Richars
The Rose – Cristina Rossetti arr. Ola Gjeilo
Hallelujah – Leonard Cohen
If Love's a Sweet Passion – Purcell
All’imperio d’amore – Rossi
« Terzetto de l'Orage » - Geneviève de Barbant, Offenbach
« Galop Hop Hop » – Gretel et Hansel, Humperdinck - Tutti
« La garde montante » - Carmen, Bizet – PM, 1C et 2nd
« Habanera » - Carmen, Bizet - Tutti
« La quadrille » - Carmen, Bizet – Tutti